Francine
(Canada)
(http://www.francinecompostelle.com/pages/Pourquoi_faire_le_chemin_de_Compostelle_-1218051.html)
Pourquoi ?
Pourquoi
faire le chemin de Compostelle ?
Il
y a plusieurs années, j'ai entendu parler d'un pèlerinage
qui consistait à parcourir à pied 800 kilomètres
(et parfois plus) dont le but ultime était la cathédrale
de Saint-Jacques-de-Compostelle. Les pèlerins effectuaient
cette marche pour toutes sortes de raisons, la plupart
du temps religieuses. C'était le "Chemin de
Compostelle".
J'ai
d'abord été étonnée, pour être ensuite fascinée
par ce pèlerinage. J'ai fait des recherches et me
suis informée. J'étais de plus en plus séduite par
l'idée de faire ce voyage.
Puis
un jour, comme beaucoup de Québécois, j'ai assisté
à une conférence donnée par Marcel Leboeuf, comédien
bien connu. Il a fait le Chemin en 2004 et a produit
un DVD. Cet homme m'a tellement fait rire,
et qui plus est, était la preuve vivante qu'on peut
faire le Chemin de Compostelle et en revenir...
Je
vous entend rigoler, mais pour moi, ce voyage était
quelque chose d'un peu, disons, "ésotérique".
Je me demandais si je serais capable de le faire,
si c'était pertinent, si je pouvais faire partie
de cette "caste" qu'étaient les pèlerins
! Je me demandais comment ça se passait, si c'était
dangereux, réservé aux grands sportifs, etc.
La
grande décision
Et
puis merde que je me suis dit ! Pourquoi pas ! Je
vais aller y voir.
Mais
bon, cela ne se fait pas du jour au lendemain. Il
faut savoir d'où on veut partir, quand on veut partir
et avec qui on veut partir.
En
fait, on peut partir de n'importe où dans le monde,
mais il y a des chemins mieux balisés que d'autres.
C'est beau, l'aventure mais quand même, mon courage
avait des limites.
J'ai
choisi de partir de Saint-Jean-Pied-de-Port en France.
Pourquoi ? Parce que c'est le chemin le plus connu.
Parce que c'est 800 kilomètres, alors que du Puy-en-Velay,
c'est 1600 kilomètres. Ouf !
Et
puis, il fallait bien partir de quelque part. Pourquoi
pas les Pays Basques ! Independencia !! Cette portion
espagnole du chemin s'appelle le "Camino Francés".
Et
puis quand partir ? On me recommandait l'automne
parce que le chemin est moins achalandé. C'est aussi
ma saison préférée. Alors va pour l'automne !
Il
faut aussi savoir le temps que ça prendra, et par
le fait même, quel congé il faut prendre, car il
y a des obligations dans la vie qu'on ne peut pas
laisser tomber comme ça du jour au lendemain, à
moins qu'on s'appelle Paris Hilton !
Après
avoir consulté plusieurs personnes, sites internet
et livres, j'ai appris que le chemin (à partir de
Saint-Jean-Pied-de-Port) pouvait se faire en quatre
semaines. Comme je voulais me donner du jeu, pouvoir
visiter, pouvoir m'arrêter en cas de pépin, j'ai
rajouté une dizaine de jours à cela. Finalement,
je ne voulais pas me retrouver dans des périodes
trop froides, alors il ne fallait pas dépasser la
mi-octobre comme arrivée à Saint-Jacques-de-Compostelle.
J'ai donc décidé de partir à la fin août 2008.
Maintenant,
avec qui partir. Ça, c'était toute une question.
Toutes les lectures que j'ai faites sur le sujet
disent la même chose. Faire le Chemin de Compostelle
met à rude épreuve l'amour ou l'amitié.
Après
plusieurs semaines de réflexions, j'ai pris la décision
de partir seule. Si Marcel (mon mari) avait pu venir,
ça aurait été différent. Mais il ne pouvait obtenir
de congé auprès de son employeur.
Et
puis, je ne connaissais personne qui partait pour
Saint-Jacques-de-Compostelle en même temps que moi.
Les gens qui parlaient de m'accompagner n'étaient
que des connaissances. Non, décidément, comme ce
voyage était déjà une expérience inquiétante pour
moi, je n'allais pas y rajouter une préoccupation
supplémentaire.
De
plus, j'avais des raisons précises qui me motivaient
à faire ce voyage, et partir seule en était une.
Le
voyage commençait à se préciser dans ma tête. Marcel,
mon conjoint des 22 dernières années, m'appuyait
solidement dans ma démarche, comme il le fait toujours,
même dans mes projets les plus farfelus.
Mes
ami(es), ma famille, tout le monde m'écoutait raconter
mon projet et m'encourageait.
Pour
certains, ce fut différent. J'ai eu droit à toutes
sortes de commentaires, pas toujours délicats.
Faut
pas écouter ! Il faut foncer encore plus !
Mes
peurs
Je
me souviens d'un texte d'une future pèlerine, Linda
Magher, sur le site "Du Québec à Compostelle".
Ce texte décrivait très bien ce que je ressentais.
Le voici :
Les
peurs
J'ai
peur.
J'ai
peur d'avoir mal aux pieds.
J'ai
peur d'avoir mal au dos.
J'ai
peur d'avoir froid.
J'ai
peur d'avoir chaud.
J'ai
peur d'être trempée par la pluie battante.
Mais
j'y vais quand même à Saint-Jacques-de-Compostelle.
J'ai
peur des 800 kilomètres.
J'ai
peur d'être incapable.
J'ai
peur de ne pas avoir la force physique.
J'ai
peur de ne pas avoir la force mentale.
J'ai
peur de la fatigue.
Mais
j'y vais quand même à Saint-Jacques-de-Compostelle.
J'ai
peur de ce que je vais avoir l'air sans mon séchoir
à cheveux.
J'ai
peur des ronflements qui m'empêchent de dormir.
J'ai
peur de l'inconfort.
J'ai
peur de dormir dehors avec toutes mes ampoules.
J'ai
peur de la noirceur si je n'arrive pas au refuge
à l'heure.
Mais
j'y vais quand même à Saint-Jacques-de-Compostelle.
J'ai
peur de faire échec, de ne jamais voir cette belle
cathédrale.
J'ai
peur des chiens sur le chemin.
J'ai
peur d'être seule.
J'ai
peur de perdre mon chemin.
J'ai
peur qu'il me manque quelque chose.
Mais
j'y vais quand même à Saint-Jacques-de-Compostelle.
J'ai
peur de ne pas avoir les bons souliers.
J'ai
peur de ce qui pourrait m'arriver.
J'ai
peur que mon sac à dos soit trop lourd.
J'ai
peur que toutes mes peurs soient encore plus lourdes.
J'ai
peur de savoir ce qu'il me reste si je me vide de
toutes ces peurs.
Mais
j'y vais quand même à Saint-Jacques-de-Compostelle.
J'ai
peur d'avoir peur.
Mais
j'aurai quand même essayé sur le chemin de Compostelle.
Linda
Magher
Et
maintenant ?
Me
voilà de retour. J'ai fait le chemin du 29 août
au 7 octobre 2008, soit 40 jours. L'expérience a
été très difficile, presque traumatisante. À la
fin du chemin, je disais ne plus jamais vouloir
refaire ce chemin, et aujourd'hui, c'est différent.
Je
me rappelle les belles rencontres, les paysages
magnifiques, les aventures de toutes sortes. J'ai
beaucoup ri durant ce voyage. J'ai aussi beaucoup
pleuré. C'est ce qui fait qu'on ne peut regretter
d'avoir fait le chemin de Compostelle. L'expérience
a été tellement intense, et je n'avais jamais rien
vécu de similaire auparavant. Ça marque l'esprit
!
À
la blague, je disais que, comme j'avais passé 40
jours dans le désert (façon de parler), j'étais
la nouvelle Moïse des temps modernes, et que je
devais donc écrire 10 nouveaux commandements. Voici
le premier :
"
Le Chemin de Compostelle, une fois dans ta vie,
tu feras "
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