(Christian
Furia. Notre histoire N° 168)
Sépultures
antiques.
À
Compostelle, que trouve le pèlerin ? L'occupation
du site remonte à la plus haute antiquité.
Des
fouilles archéologiques menées en 1878 puis
en 1946 sous la cathédrale et à proximité, ont
découvert des sépultures avec des urnes funéraires
de l'époque préhistorique, puis des éléments
de constructions romaines ainsi qu'une vaste
nécropole, où sont situés les vestiges d'un
mausolée de la fin du 1° siècle de notre ère,
considéré comme la tombe de l'Apôtre.
Ont été
aussi retrouvées des tombes romaines et suèves,
des 6°-7° siècles, date où les enterrements
sont brutalement interrompus.
Le site reste
inhabité pendant près de deux cents ans. Le
couvercle du sarcophage de l'évêque Théodemir
a été retrouvé près du mausolée.
Premières
églises.
Peu
après la découverte du tombeau, vers 830-840,
Alphonse II fait construire une petite église
de pierre et de pisé, couverte d'une charpente
de bois.
Avec le développement du pèlerinage,
elle est remplacée à la fin du siècle par une
vaste église, consacrée en 899. C'est un édifice
de plan basilical à trois nefs. La nef centrale
était presque aussi large que la nef actuelle,
mais le choeur moins développé. La décoration
était fastueuse.
Après les destructions provoquées
par l'attaque d'Al Mansour en 997, le sanctuaire
est restauré par l'évêque Pierre de Mezonz.
Nouvelle cathédrale.
Vers
1075, devant la fréquentation accrue du pèlerinage,
la construction d'une nouvelle cathédrale, plus
vaste, est décidée.
Deux difficulté se présentent.
D'une part les bâtiments du monastère de San
Payo, qui jouxtent l'abside à l'est, empêchent
tout agrandissement du choeur; il faudra en
1077 la "Concordia de Antealtares"
entre l'évêque et les moines pour que ceux-ci
acceptent de reconstruire leur monastère à distance.
D'autre part à l'ouest, la présence du donjon
servant de résidence épiscopale et surtout une
très forte déclivité du terrain posent problème.
Les travaux seront interrompus à plusieurs reprises
du fait de conflits entre le roi de Leon et
l'évêque, ou entre ce dernier et la population
de Compostelle. L'ensemble du chantier va durer
plus de 130 ans. Les travaux débutent le 11
juillet 1078 par la construction de la future
chapelle axiale, des chapelles voisines (Saint-Pierre
et Saint-Jean) et de la partie tournante du
déambulatoire. Ces constructions sont situées
en dehors de l'église préexistante qui pourra
être encore utilisée jusqu'en 1112.
Suite.
La
déposition de l'évêque Diego Pélaez en 1088
pour trahison, par le roi Alphonse VI, entraîne
un ralentissement des travaux. Ils reprendront
avec la nomination d'un évêque entreprenant,
Diego Gelmirez.
En 1105, l'ensemble des cinq
chapelles du déambulatoire et de trois des quatre
chapelles des absidioles des transepts sont
consacrées, alors que le voûtement de l'abside
principale est commencé. L'ensemble du déambulatoire
est donc terminé à cette date. L'architecte
est alors Etienne, également responsable du
chantier de la cathédrale de Pampelune.
La construction
des transepts, du portail nord (dit de France,
ou du Paradis, ou de l'Azabacheria) et du portail
sud (des Orfèvres) est terminée vers 1110. Au
nord, la décoration, actuellement disparue,
représentait la Création et le Péché originel.
La promesse de la Rédemption, qui constituait
le thème du portail sud, est parvenue très altérée.
Le portail occidental devait représenter la
Transfiguration du Christ en présence de saint
Jacques; il a été partiellement réalisé, mais
secondairement démonté et certains de ses éléments
ont été incorporés dans le portail des Orfèvres.
À partir de 1112 la démolition de l'église de
l'an Mille permet la construction de la nef,
protégée par un toit provisoire qui sera incendié
en 1117 lors d'une sédition populaire.
Fin.
Du
fait d'un violent conflit entre Diego Gelmirez
et le roi, le chantier est brutalement interrompu
en 1122. Sont alors
terminées sept travées (sur dix) de la nef principale
et huit travées des tribunes. C'est le bâtiment
que visite Aimery Picaud vers 1130.
Les travaux
ne reprennent qu'en 1168. L'archevêque Don Pedro
Gudesteiz confie la direction du chantier à
Maître Mathieu. Celui-ci entreprend la construction
de la crypte occidentale (faussement surnommée
"cathédrale vieille") pour récupérer
la déclivité du terrain, comme au Puy-enVelay,
tout en servant de narthex inférieur; les escaliers
de la façade ne seront construits qu'au 17°
siècle. En 1188 sont édifiés le portique de
la Gloire, puis les tours de la façade. L'ensemble
des bâtiments romans est définitivement consacré
le 3 avril 1211, par l'archevêque Don Pédro
Muñiz en présence du roi Alphonse IX.
Constructions
de style baroque.
L'extérieur
a été systématiquement englobé dans des constructions
de style baroque durant les 17° et 18° siècles:
façade de l'Obradorio (1738-1749); tour des
Cloches (à partir de 1668); tour de la Crécelle
(1738); façade de l'Azabacheria (1758). Le chanoine
Vega y Verdugo, responsable de ces transformations,
devait regretter de ne pas pouvoir, faute d'argent,
réaliser une transformation encore plus radicale
de l'édifice, en particulier à l'intérieur...
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