Chemins
de Saint-Jacques-de-Compostelle (France) N°
868
(UNESCO
- ICOMOS, octobre 1998)

Identification
-
Bien proposé: Les chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle
en France
-
Lieu: Régions d’Aquitaine, Auvergne, Basse-Normandie,
Bourgogne, Centre, Champagne-Ardenne, Ile-de-France,
Languedoc-Roussillon, Limousin, Midi-Pyrénées,
Picardie, Poitou-Charentes et Provence-Alpes-Côte
d’Azur.
-
Etat Partie: France
-
Date: 27 juin 1997
Justification
émanant de l’Etat Partie
Trois
édifices évoqués dans le présent dossier: Sainte-Foy
de Conques, Saint-Pierre de Moissac ou Saint-Sernin
de
Toulouse apparaissent incontestablement comme
des chefs-d’œuvre du génie créateur humain.
Sainte-Foy
de Conques est l’une des plus belles églises
romanes de France. Le tympan du grand portail
représentant
le Jugement dernier (vers 1140) compte parmi
les chefs-d’œuvre de la sculpture romane du
Midi. L’intérieur
très vaste, destiné à accueillir de nombreux
pèlerins, a des proportions harmonieuses. La
salle du trésor
comprend un exceptionnel ensemble d’ouvrages
d’orfèvrerie du IXe au XVe siècle, dont la célèbre
Majesté de sainte Foy.
Le
portail et le cloître de l’église Saint-Pierre
de Moissac, ancienne abbatiale bénédictine,
compte aussi parmi les chefs-d’œuvre
de l’art roman. Exécuté entre 1110 et 1115,
le portail, l’une des premières réalisations
de la sculpture
monumentale romane languedocienne, présente
au tympan la vision apocalyptique du Souverain
Juge trônant
sur les nuées, entouré des symboles des Evangélistes
et des vingt-quatre vieillards.
Saint-Sernin,
insigne basilique (fin XIe-milieu XIIe siècle)
est l’une des plus belles églises romanes de
France. Sa structure architecturale illustre
le type même de l’église de pèlerinage; son
matériau - la brique domine massivement la pierre,
réservée à la sculpture et à quelques membres
d’architecture - est caractéristique de l’art
roman du midi languedocien.
Critère
I
Le
débat ne consiste plus à déterminer, entre l’Espagne
et Toulouse, quel est le plus ancien foyer de
sculpture romane
occidentale. On admet aujourd’hui que, vers
la fin du XIe siècle, les artistes redécouvrent
un ordre monumental
inspiré de l’Antiquité romaine sur de grands
chantiers, comme ceux de Saint-Jacques-de-Compostelle
ou de Saint-Sernin de Toulouse. En effet, de
part et d’autre des Pyrénées, se mettent en
place des programmes
architecturaux et iconographiques très comparables.
A Saint-Sernin, on peut citer la personnalité
de Bernard Gilduin, sculpteur qui a signé la
table d’autel consacrée par le pape Urbain II
en 1096. En Espagne, à la fin du XIe siècle,
des créations analogues à celles de Toulouse
voient le jour si bien qu’on a parfois rapproché
les chapiteaux de Saint-Sernin de ceux de Saint-Isidore
de Leon.
De
telles comparaisons peuvent être faites au sujet
des thèmes iconographiques de la nouvelle sculpture
monumentale,
si bien que l’on s’interroge sur l’existence
d’une iconographie des chemins de Saint-Jacques.
S’il est
difficile de répondre avec certitude, on peut
toutefois constater que c’est sur la route de
Compostelle qu’émergent les grands partis de
le sculpture romane que le XIIe siècle va diffuser
de manière définitive.
Ce
rôle des routes de pèlerinage dans les échanges
interculturels entre la péninsule ibérique,
la France et l’Europe
occidentale ne se limite pas à l’ordre monumental.
Les routes de pèlerinage ont favorisé presque
simultanément la "remontée" d’influences
musulmanes vers le nord, comme en témoignent
tous les objets orfévrés, provenant d’Al-Andalus,
hâtivement christianisés, qui se retrouvent
dans les trésors des églises de France, et d’autre
part la "descente" vers l’Espagne
de toute une production d’objets précieux autrefois
appelés limousins, et dont on s’accorde aujourd’hui
qu’ils furent produits dans une aire géographique
très large, entre Loire et Douro.
Il
faut enfin rappeler que, dans le domaine du
patrimoine immatériel, les chemins de Saint-Jacques
ont été les principaux
vecteurs d’un dialogue nord-sud qu’illustre
en particulier la naissance et la circulation
des chansons de
geste aux XIe et XIIe siècles. Des cycles épiques
comme celui de Roland se sont constitués, à
partir d’une matière
historique réactualisée à la lumière des épisodes
récents de la Reconquista, dans des monastères
jouant le rôle
de relais sur les chemins de Saint-Jacques.
La chanson de Roland s’est ainsi trouvé enracinée
dans des "stations"
telles qu’Angoulême, Blaye ou Bordeaux, sur
le chemin qui mène à Compostelle par Roncevaux.
Critère
II
Eglises
de pèlerinage, hôpitaux, ponts, croix de chemin
témoignent d’une pratique aujourd’hui tombée
en désuétude.
Pour comprendre l’importance du pèlerinage chrétien
à l’époque médiévale, il est indispensable de
conserver
des rares témoins matériels subsistants.
Critère
III
Outre
les exemples déjà évoqués, on peut citer ici,
pour leur qualités spécifiques, un édifice:
Neuvy-Saint-Sépulchre,
et un ensemble architectural: Rocamadour.
L’église
abbatiale de Neuvy-Saint-Sépulchre est l’une
des plus intéressantes constructions qui furent
édifiées au Moyen
Age. Dédiée à saint Jacques avant la Révolution,
la collégiale imite en effet l’église du Saint-Sépulchre
de Jérusalem. Sa fondation est attribuée à Eudes
de Déols, qui s’était rendu en Terre Sainte
en 1026-1028, avec Guillaume
Taillefer, comte d’Angoulême, et en compagnie
d’humbles pèlerins. Revenu en Berry vers 1045,
Eudes de Déols mit à exécution son projet de
bâtir, à Neuvy, une église à l’image du Saint-Sépulchre.
Rocamadour
est l’un des sites les plus connus de France.
Dans l’étroite gorge de l’Alzou, au pied de
l’énorme rocher
chargé de sanctuaires, le village, traversé
par une unique rue bordée de maisons anciennes,
conserve plusieurs
portes fortifiées. Le grand escalier aboutit
au Fort de Saint-Amadour (milieu du XIIe siècle)
sous l’église
Saint-Sauveur (XIe-XIIIe siècle); chapelle Saint-Michel
du XIIe siècle avec peintures murales du XIIIe
siècle.
Critère
IV:
Catégorie
de bien
En
termes de catégories de biens culturels, telles
qu'elles sont définies à l’article premier de
la Convention du patrimoine
mondial de 1972, le bien proposé est un ensemble.
Il peut également être considéré comme un paysage
culturel linéaire, conformément au paragraphe
40 des Orientations devant guider la mise en
œuvre de la Convention
du Patrimoine mondial.
Histoire
La
conquête de Jérusalem par le calife Omar, en
638, fit hésiter les chrétiens à se rendre en
pèlerinage en Terre Sainte
et le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle,
où l’on découvrit aux alentours de l’an 800
la tombe de l’apôtre
Saint Jacques le Majeur, qui apporta le christianisme
dans la péninsule ibérique, bénéficia du déclin
de Jérusalem en tant que lieu de pèlerinage.
Saint-Jacques-de-Compostelle
avait commencé par être un centre religieux
local, devenu siège épiscopal aux alentours
de l’an 900, mais sa renommée connut un essor
rapide après la visite, en 951, de Godescalc,
évêque du Puy
et l’un des premiers pèlerins étrangers attestés.
A cette époque, cependant, les routes n’étaient
pas exemptes de brigands et de la menace d’attaques
musulmanes, telle celle de 997, conduite par
Al-Mansour, vizir du calife de Cordoue, lors
de laquelle Compostelle fut pillée et incendiée.
Dans
les premières décennies du XIe siècle, le début
de la Reconquista marqua l’avènement pour le
lieu de pèlerinage
d’une ère de prospérité, et nombre de marchandises
de toutes sortes y affluaient. Ainsi, la cathédrale
fut dotée de trésors immenses, au point de pouvoir
garantir les besoins de Rome et des souverains
de León et de Castille. C’est à partir de cette
époque que le pèlerinage à Saint-Jacques-de-Compostelle
atteignit son apogée. Des milliers de pèlerins,
dont des rois et des évêques, accomplirent de
longues distances pour prier sur la tombe de
l’un des plus proches compagnons du Christ.
Cette
apogée coïncida avec celle de l’Ordre de Cluny,
qui encouragea le culte des reliques en publiant
des Vies des
Saints et des Recueils de Miracles. En conséquence,
d’autres sanctuaires de moindre importance se
développèrent parallèlement, sans pour autant
éclipser la splendeur de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Du XIe au XIIIe
siècle, des églises de “relais” virent le jour
le long de la route de pèlerinage, et en particulier
en France. Chacune
d’entre elles s’enorgueillissait de reliques
saintes ; de fait, le culte des reliques était
le principal pilier du pèlerinage médiéval.
Dans
le même temps, le culte de la Vierge Marie provoquait
un renouveau de ferveur. Les pèlerinages vers
des sanctuaires tels que Notre-Dame du Puy,
Notre-Dame de Chartres et Notre-Dame de Boulogne,
déjà réputés au début du Moyen Age, connurent
une spectaculaire renaissance au XIIe siècle,
en conséquence de l’importance que prit le pèlerinage
de Saint-Jacques-de-Compostelle. Des trois églises,
celle du Puy, en Auvergne, était la plus étroitement
liée à Saint-Jacques-de-Compostelle. Aimery
Picaud, dans le cinquième Livre du Codex Calixtinus,
description des routes de pèlerinage qu’il écrivit
aux environs de 1139 pour le pape Calixte II,
l’identifia d’ailleurs comme le point de départ
de l’une des quatre routes de France. Elle était,
bien sûr, le siège épiscopal de Godescalc, l’un
des premiers pèlerins étrangers à Saint-Jacques-de-Compostelle
et probablement la première établie.
Description
Les
quatre principales routes de pèlerinage menant
à Saint-Jacques-de-Compostelle en France partaient
respectivement
de Paris, de Vézelay, du Puy et d’Arles, et
chacun d’entre elles étaient rejointe par plusieurs
routes
secondaires. Ainsi, au début de la route de
Paris, des routes venant de Boulogne, de Tournai
et des Pays-Bas
convergeaient, tandis que d’autres partant de
Caen, du Mont-Saint-Michel et de Bretagne la
rejoignaient à des
points intermédiaires tels que Tours, Poitiers,
Saint-Jean-d’Angély et Bordeaux (qui servait
également de port
d’arrivée aux pèlerins venant par voie maritime
d'Angleterre et des régions côtières de Bretagne
et de Normandie).
Le Puy faisait office de lien avec la vallée
du Rhône, tandis que les routes venant d’Italie
passaient par
Arles. Les trois routes occidentales convergeaient
à Ostabat, en traversant les Pyrénées par le
col d’Ibañeta, tandis
que la route orientale d’Arles empruntait le
col du Somport; les deux routes se rejoignaient
en Espagne à Puente-la-Reina.
La longueur totale identifiée est de 5.000 km,
mais seuls sept tronçons plus courts de la route
du Puy (la via podensis du Codex) sont suffisamment
cohérents pour être inclus à la proposition
d’inscription.
L’étude
nationale des routes de Saint-Jacques-de-Compostelle
en France
a identifié quelques 800 biens
de toutes
sortes associés au pèlerinage.
Soixante-neuf
d’entre eux ont été sélectionnés dans le cadre
de la présente proposition d’inscription, sur
la base des critères suivants :
-
Les biens devaient démontrer la réalité géographique
de chaque chemin, en marquant son tracé à intervalles
réguliers ;
-
Ils devaient illustrer, par des exemples significatifs,
le développement chronologique du pèlerinage
entre les XIe et XVe siècles ;
-
Ils devaient illustrer certaines fonctions essentielles
de l’architecture le long des routes, notamment
la prière (églises et monastères), le repos
et les soins (hôtelleries et hôpitaux) et le
voyage (croix et ponts).
La
présente proposition d’inscription porte sur
les biens suivants,
regroupés par ordre
alphabétique des régions (ceux marqués d’un
astérisque sont déjà inscrits sur la Liste du
Patrimoine mondial, soit en tant que monuments
individuels, soit en tant que composants de
villes ou centres villes historiques):
liste
en page précédente
Il
est clair qu’il serait impossible de décrire
chacun de ces biens dans la présente
évaluation.
Dans tous les cas, ils devraient
être traités comme une proposition en groupe
ou en série. Les notes suivantes, concernant
les catégories
de monument incluses dans les biens proposés
pour inscription, sont basées sur des informations
fournies
dans le dossier de proposition d’inscription
abrégé fourni par l’Etat Partie.
-
Les églises
Les
lieux de culte qui jalonnent les chemins de
pèlerinage en France vont de grandes structures
telles que Saint-Sernin,
à Toulouse, ou la cathédrale d’Amiens, à de
modestes églises paroissiales. Tous sont inclus,
soit parce qu’ils
figurent sur le guide produit par Aimery Picaud
(par exemple la cathédrale Saint-Front, à Périgueux,
ou l’église
de Saint-Léonard-de-Noblat), soit parce qu’ils
contiennent des reliques importantes et d’autres
éléments qui
les relient directement au pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Certaines
églises présentent des caractéristiques architecturales
qui leur permettent de porter l’appellation
"d'églises
de pèlerinage". Sainte-Foy à Conques, Saint-Sernin
à Toulouse et la cathédrale de Saint-Jacques-de-Compostelle
elle-même possèdent en particulier de grands
transepts et des chapelles absidales rayonnant
à partir
d’un spacieux déambulatoire, conçu pour répondre
aux besoins liturgiques des pèlerins.
-
Les hôpitaux
La
longueur et les rigueurs des pèlerinages du
Moyen Age imposaient des contraintes considérables
aux pèlerins, à tel point qu’ils nécessitaient
souvent un traitement et des soins médicaux.
Peu de ces établissements subsistent intacts
sur les parties françaises de la route; ceux-ci
sont inclus dans la présente proposition d’inscription.
-
Les ponts
Un
certain nombre de ponts sont connus sous le
nom de pont "des pèlerins", et celui
qui passe sur la Borade, à Saint-Chély-d’Aubrac,
porte même une sculpture représentant un pèlerin.
Deux sont d’une importance toute particulière:
le pont du Diable, sur l’Hérault, à Aniane,
l’un des plus anciens ponts médiévaux de France,
et le magnifique pont fortifié Valentré du XIVe
siècle, sur le Lot, à Cahors.
-
Les croix de chemins
Quelques
croix associées au pèlerinage sont connues le
long des routes. Un exemple particulièrement
magnifique
se dresse en face de l’église d’Estaing, et
d’autres croix plus simples s’élèvent le long
des sections de
la route proposées pour inscription (voir ci-dessous).
-
Les routes
Bien
que le tracé des différentes routes soit généralement
connu, très peu d’entre elles subsistent sous
une forme approchant si peu que ce soit leur
aspect original. Les sept tronçons inclus dans
la proposition d’inscription sont tous sur la
route du Puy, et couvrent 157,5 km, soit un
peu plus de 20 % des 762 km que représente sa
longueur totale. Il s’agit de routes relativement
mineures (départementales ou rurales), dont
le cours n’a pas changé significativement depuis
le Moyen Age; des monuments associés au pèlerinage
de Saint-Jacques-de-Compostelle les bordent,
tels que des croix et de modestes lieux de culte.
Gestion
et protection
Statut
juridique
Tous
les biens qui font l’objet de la présente proposition
d’inscription sont des monuments de diverses
catégories protégés
en vertu de la législation et des réglementations
françaises sur les monuments historiques et
l’urbanisme. Les sept tronçons de la route
du Puy sont protégés par des plans du département.
Gestion
Des
autorités gouvernementales, des agences de niveau
national, régional, départemental et communal,
des autorités
ecclésiastiques, des institutions privées et
des particuliers se partagent la propriété des
biens.
Les
monuments protégés font l’objet de programmes
de maintenance et de conservation, sous l’égide
des Directions
régionales des Affaires culturelles (DRAC) du
ministère de la Culture, qui travaillent par
le biais de leurs
services de l’architecture et du patrimoine.
La Caisse nationale des Monuments historiques
et des Sites collabore
à ce travail.
Conservation
et authenticité
Historique
de la conservation
Il
n’est pas possible de donner un aperçu global
de l’historique de la conservation des soixante-neuf
biens inclus
dans la présente proposition d’inscription,
de par la diversité de leur nature, de leur
protection et de leur appartenance.
Toutefois, on peut dire qu’ils ont dans leur
ensemble été préservés dans une mesure acceptable
grâce à leur classement en tant que monuments
et sites historiques.
Authenticité
Le
degré d’authenticité de la totalité des biens
proposés est élevé, des études ayant montré
que les soixante-neuf biens
proposés sont associés de diverses manières
à la route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle,
qui fait
l’objet de cette proposition d’inscription.
Evaluation
Action
de l’ICOMOS
Une
mission d’expert de l’ICOMOS a visité la grande
majorité des biens inclus dans la proposition
d’inscription en
février 1998.
Caractéristiques
Il
ne peut y avoir aucun doute sur la qualité de
la route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Dans son évaluation
de la section espagnole, inscrite sur la Liste
du patrimoine mondial en 1993, l’ICOMOS a fait
valoir "qu'outre
son immense valeur historique et spirituelle,
elle (…) illustre de manière remarquablement
complète l’évolution
artistique et architecturale européenne sur
plusieurs siècles". Ce commentaire
est tout aussi vrai des sections
françaises qui font l’objet de la présente proposition
d’inscription.
Analyse
comparative
Là
encore, l’évaluation de la section espagnole
effectuée par l’ICOMOS en 1993 reste valable
pour la section française:
"Il n’existe en Europe aucune autre route
de pèlerinage chrétien comparable dans son étendue
et sa continuité".
Observations
de l’ICOMOS en vue d’une action future
Nous
avons ici affaire à une proposition d’inscription
inhabituelle, car elle diffère de celle de la
section espagnole
sur un point important. En effet, le site espagnol
inscrit sur la Liste du Patrimoine mondial est
un paysage
culturel linéaire continu, qui va des cols des
Pyrénées à la ville de Saint-Jacques-de-Compostelle
elle-même. A l’inverse, la proposition d’inscription
française se compose d’une série de monuments
individuels d’une grande qualité et d’une importante
signification historique, qui définissent le
tracé des routes de pèlerinage en France, mais
ne constituent cependant pas des routes continues.
La
raison réside dans les différentes trajectoires
historiques et économiques de la France et de
l’Espagne depuis la fin du Moyen Age et dans
le déclin du pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Les routes elles-mêmes ont été préservées de
manière plus visible et cohérente en Espagne
qu’en France.
Le
dossier français de proposition d’inscription
est une remarquable compilation, fruit de la
collaboration intensive
d’historiens, d’archéologues et de responsables
du patrimoine dans treize régions, pas moins,
qui a abouti à un document de grande importance
pour la science comme pour la gestion, et l’ICOMOS
souhaite exprimer
son admiration devant le travail fourni par
l’Etat Partie pour le rassembler.
Le
rapport de la mission d’expert de l’ICOMOS contient
quelques propositions en vue de l’élargissement
des biens
qui devraient être inclus dans la proposition
d’inscription, eu égard à d’autres structures
associées aux biens proposés pour inscription
et à d’autres zones urbaines plus vastes. L’ICOMOS
a étudié attentivement cette
proposition, qui présente un mérite considérable.
Toutefois, il considère que les arguments avancés
par l’Etat
Partie en faveur de la sélection des soixante-neuf
biens inclus dans le dossier sont convaincants.
Les trois critères
utilisés dans la procédure de sélection (voir
Description ci-dessus) sont cohérents et parfaitement
valables, et toute proposition d’extension ou
de révision impliquerait une réévaluation en
profondeur qui aboutirait
selon toute probabilité au même résultat.
Dans
son évaluation, en 1993, de la proposition espagnole
acceptée, l’ICOMOS a commenté le classement
par le Conseil de l’Europe de la route de Saint-Jacques-de-Compostelle,
qui débordait, au-delà des frontières espagnoles,
dans d’autres pays européens, en ces termes:
"L’ICOMOS suggère par conséquent que les
Etats Parties concernés examinent la possibilité
d’une éventuelle extension du bien à d’autres
sections des routes extérieures à l’Espagne".
Les Etats Parties sont bien entendu souverains
à cet égard, et il n’entre pas dans les fonctions
de l’ICOMOS de proposer une inscription conjointe,
de quelque sorte que ce soit, à titre de condition
à l’inscription. Il espère toutefois que les
deux Etats Parties concernés (la France et l’Espagne)
envisageront sérieusement à la possibilité de
combiner leurs sections respectives de la route
sous une seule inscription, comparable à l’inscription
franco-espagnole du paysage culturel de Pyrénées-Mont-Perdu
en 1997.
Brève
description
Tout
au long du Moyen Age, Saint-Jacques-de-Compostelle
fut la plus importante de toutes les destinations
pour d’innombrables et pieux pèlerins en provenance
de toute l’Europe. Pour atteindre l’Espagne,
les pèlerins devaient traverser la France, et
les monuments historiques notables qui constituent
la présente inscription sur la Liste du Patrimoine
mondial jalonnaient les quatre routes qu’ils
empruntaient.
Recommandation
Que
ce bien soit inscrit sur la Liste du Patrimoine
mondial, sur la base des critères II, IV et
VI :
-
Critère II: La route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle
a joué un rôle essentiel dans les échanges et
le développement religieux et culturel au cours
du Bas Moyen Age, comme l’illustrent admirablement
les monuments soigneusement sélectionnés sur
les chemins suivis par les pèlerins en France.
-
Critère IV: Les besoins spirituels et physiques
des pèlerins se rendant à Saint-Jacques-de-Compostelle
furent satisfaits grâce à la création d’un certain
nombre d’édifices spécialisés, dont beaucoup
furent créés ou ultérieurement développés sur
les sections françaises.
-
Critère VI: La route de pèlerinage de Saint-Jacques-de-Compostelle
est un témoignage exceptionnel du pouvoir et
de l’influence de la foi chrétienne dans toutes
les classes sociales et dans tous les pays d’Europe
au Moyen Age.
ICOMOS,
octobre 1998
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