Chemins : débuts

 

                                                                                   Chemins : débuts

                                                             Christian Furia. (Notre histoire N° 168)

 

   Guide du pèlerin d'Aimery Picaud.

  Depuis sa redécouverte à l'époque moderne, le Guide du pèlerin d'Aimery Picaud est devenu incontournable, un véritable guide officiel. Il est classique d'affirmer que le pèlerin d'antan n'utilisait en France que quatre chemins, dont trois se réunissent à Ostabat. Puis après la traversée des Pyrénées, les deux chemins de Navarre et d'Aragon convergent à Puente la Reina pour n'en faire qu'un jusqu'à Compostelle.

  Mais avant d'être ainsi définitivement "officialisé", le Chemin a eu une histoire complexe, le trajet ayant beaucoup varié de siècle en siècle. À toutes les époques, en Espagne même, il y a toujours eu plusieurs possibilités pour aller depuis les Pyrénées jusqu'à Compostelle, sans oublier les différents chemins venant des autres contrées de la péninsule ibérique.

Les divers itinéraires doivent permettre aux pèlerins de gagner Compostelle au moyen d'une voie sûre, loin des zones de combat, et pratique pour traverser les différents obstacles naturels (montagnes, rivières). Les pèlerins visitent aussi le plus grand nombre possible de sanctuaires, où reposent des corps saints et où sont vénérées d'insignes reliques. Le Chemin est régulièrement l'objet de la sollicitude des souverains espagnols, qui sont souvent à l'origine des constructions des ouvrages d'art (ponts) ou des hôpitaux.

 

  Divers itinéraires.

  En Leon et en Galice, dès le 9° siècle, les premiers pèlerins réutilisent le réseau romain préexistant qui reliait la Galice au reste de l'Espagne par une voie stratégique Est-Ouest. À partir de la côte méditerranéenne, cette voie suivait la vallée de l'Ebre, puis conduisait à la côte océanique en passant par Leon, Astorga et par le Bierzo.

  Quand, à partir de 910, Alphonse III transfère à Leon la capitale du royaume, une "nouvelle" route est utilisée, par Astorga et les monts du Leon. En Navarre et Aragon, le parcours est conditionné par le passage des Pyrénées. Il s'est probablement d'abord effectué par le col du Somport, malgré son altitude élevée (près de 1640 m) à cause de l'insécurité qui régnait à proximité de la côte atlantique du fait des attaques normandes aux 10° et début du 11° siècle.

  Mais une voie romaine avait précédemment emprunté le col de Roncevaux, et du fait de l'action des rois de Navarre et de l'active publicité effectuée par le monastère-hôpital de Notre Dame de Roncevaux (fondé en 1127), elle devint rapidement très fréquentée.

Un troisième passage, qui a été aussi ultérieurement utilisé entre Bayonne et Pampelune, passe par le col de Velate, à 850 m d'altitude.

L'itinéraire le long de la côte atlantique se développe après l'incorporation du Guipuzcoa à la Castille par Alphonse X, qui fait créer une route d'Irun à Burgos par Vitoria et Miranda de Ebro.

  De nombreux pèlerins espagnols utilisent les mêmes itinéraires en sens inverse, pour aller par exemple à Rome ou surtout à Notre-Dame de Rocamadour, qui devient, à partir de la fin du 12° siècle le plus grand pèlerinage marial de l'Occident médiéval.

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delhommeb at wanadoo.fr -  22/11/2006