Légendes
et Curiosités du Chemin de Saint-Jacques.
Juan
Ramón Corpas Mauleón.
---------------------------------------------------------
EUNATE
ET OLCOZ. UN INQUIÉTANT JEU DE MIROIRS
Suggestive
légende - chargée de références mythologiques -
racontée par les villageois. L'histoire remonte
au début des travaux de l'Église Sainte-Marie.
Pour
un motif non précisé, le maître tailleur de pierres
(moine membre de la communauté), chargé de tailler
le portail, doit s'absenter. Les travaux se poursuivent
sans lui, mais, vu que le temps passe et que le
maître ne revient pas, les moines se voient obligés
de recourir à un géant, vieux tailleur de pierres
(fils et petit-fils de tailleurs de pierres), qui
habite dans la vallée. Ce dernier, doté de pouvoir
surnaturels, termine le travail qui lui est commandé,
avec une prodigieuse célérité et perfection. Le
maître revient et, indigné, se plaint à l'abbé de
ce qu'il considère comme une usurpation de son ouvre.
L'abbé
- sévère guerrier templier - afin de punir la fatuité
du maître-constructeur, lui ordonne de sculpter
un autre portail, semblable à celui du vieux géant,
dans le même délai que celui utilisé par ce dernier:
trois jours. Désespéré par l'ampleur de la tâche
et prêt à invoquer le diable, le moine s'enfonce
dans la forêt, où il rencontre la sorcière -
Lamiñak - qui habite autour de la source de Nekeas.
Celle-ci, ayant pitié du maître-tailleur, lui confie
le secret magique qui résoudra son problème.
Sur
ses conseils, le moine se cache près de la rivière
Robo, en attendant l'arrivée d'un grand serpent,
qui, tous les ans, la nuit de la Saint-Jean, vient
se baigner à cet endroit. Avant de plonger dans
l'eau, le reptile dépose sur la berge de la rivière,
avec le plus grand soin, un objet qu'il garde dans
sa gueule: la Pierre de Lune. Le constructeur s'empare
de la pierre, qu'il introduit dans un calice rempli
d'eau de la source Nekeas, et s'empresse de rejoindre
Eunate, où il a préalablement construit un portail,
grossièrement travaillé.
La
lune atteint son zénith et le moine découvre, alors,
tout le pouvoir synergique de la pierre, de l'eau
et du calice: la lumière de la lune se reflétant
sur la pierre, dans les ténèbres de la nuit, fait
surgir le miracle, et les voeux du maître constructeur
se voient aussitôt exaucés. Soudain, le portail
réalisé par le géant apparaît reproduit, dans tous
ses détails, sur les pierres brutes d'en face.
Mais
l'émotion du moment fait trembler la main du constructeur,
provoquant une légère différence: la fusion des
éléments (lune-ciel; pierre-terre; calice-sang;
feu-eau) a permis le miracle de refléter l'ouvrage,
mais ce dernier apparaît inversé, comme dans un
miroir. Le lendemain, la communauté, ahurie, n'en
croit pas ses yeux. Et le vieux tailleur de
pierres, qui se rend tous les matins à l'église,
pour jouir de sa création, en découvrant ce nouveau
portail devant le sien, plein de rage, lui assène
un tel coup de pied que l'oeuvre atterrit dans le
village voisin d'Olcoz, où elle se trouve encore
aujourd'hui.
-------------------------------------------------------
OBANOS.
LA PIEUSE LÉGENDE DE SAN GUILLÉN ET SANTA FELICIA
Après
avoir quitté Eunate, le Chemin longe le village
d'Obanos, où il faut mentionner la légende de Guilhem
et Félicie. Félicie et son frère Guilhem - successeur
du puissant Duché d'Aquitaine - mènent une vie aisée
et confortable dans leur imposant palais. Un jour,
Félicie décide de faire le pèlerinage à Compostelle,
selon la tradition familiale, sur les pas de Guillaume
X, qui mourut à Saint-Jacques-de-Compostelle
le 9 avril - Vendredi Saint - de l'an 1137.
De
retour en Aquitaine, sentant dans son coeur la puissante
influence de l'apôtre, Félicie décide de renoncer
à ses richesses pour s'installer, comme servante
(moza de labor) à Amocáin. Son frère, ayant appris
sa décision, part à sa recherche et tente de la
convaincre de retourner au palais, où l'attendent
son futur mari et une paisible existence. Mais elle
refuse et alors, Guilhem, envahi d'une telle rage,
lui coupe le cou. Les chiens lèchent son sang. Mais,
repenti de son crime, il enterre sa soeur, et part
lui aussi en pèlerinage sur le Chemin de Saint-Jacques,
à la recherche du pardon.
Sur le chemin du retour,
il décide de construire une chapelle, sur le haut
d'Arnotegui, pour y passer seul et en prière le
reste de ses jours. Le corps de Félicie, enseveli
à Amocáin, est transporté dans un cercueil sur une
mule blanche et enterré dans un village proche,
Labiano, où, depuis, son frêle corps non-corrompu,
soigne les maux de tête des villageois et de tous
ceux qui vénèrent ses reliques.
Cette
légende fait l'objet d'un "auto sacramental",
pièce de théâtre intitulée Le Mystère d'Obanos,
qui est représentée dans le village depuis 1962,
tous les deux ans, durant les fêtes de la fin août.
------------------------------------------------------------------
RONCEVAUX.
CHARLEMAGNE ET ROLAND
Le
15 août 778, l'arrière-garde de l'armée carolingienne
- au retour d'une expédition à Saragosse et après
avoir démantelé les murailles de Pampelune - est
attaquée et battue par les Vascons dans les défilés
de Roncevaux. Cet événement (la première défaite
du grand Charlemagne) émeut la nation franche. Postérieurement
altérée, mythifiée et transformée en poème épique
par la Chanson de Roland, cette défaite est devenue
l'une des légendes les plus populaires d'Occident.
Cette chanson de geste relate que Charlemagne, dans
l'attente de la reddition de Saragosse, reçoit la
visite des émissaires du Roi de la ville, Marsil,
porteurs d'un message de paix. En réponse, il envoie
Ganelon, beau-père de Roldan, comme intermédiaire.
Mais ce dernier, entraîné par la haine qu'il porte
à Roldan, s'entend avec les Musulmans pour trahir
Charlemagne et se venger de son beau-fils.
Ganelon
revient avec la promesse de Marsile de se convertir
au christianisme, et l'armée entreprend le chemin
du retour en France. Charlemagne remet à Roland
l'étendard qui en fait le Commandant de l'arrière-garde.
Mais, alors que l'armée traverse Roncevaux, les
Maures leur tendent une embuscade, et l'Archevêque
Turpin bénit les combattants: "Si vous mourez,
vous serez saints martyrs et vous serez emportés
tout droit au paradis".
La
bataille est défavorable aux Francs: finalement,
il ne reste plus que quelques combattants, l'Archevêque
Turpin, le valeureux Roland, et le prudent Olivier
(dans d'autres versions, Gualter del Hum). Alors,
Roland fait résonner son olifant pour appeler Charlemagne
à son secours. Mais quand ce dernier, qui est déjà
loin devant, comprend le message de cet appel, il
est trop tard. Le traître Ganelon le tranquillise
et tente de le dissuader de faire demi-tour. Les
Maures tuent Olivier et Turpin. Roland, sentant
sa fin proche, tente de briser son épée Durandal
(sur le pommeau de laquelle était incrustée, parmi
d'autres reliques, une dent de Saint Pierre) sur
un rocher, mais c'est la roche qui se fend. Lorsque,
finalement, il meurt, le visage tourné vers l'Espagne,
Dieu emporte son âme au ciel.
Charlemagne rejoint
le champ de bataille et poursuit l'armée ennemie,
jusqu'à l'anéantir (avec l'aide de Dieu, qui suspend
le cours du soleil afin d'allonger la durée du jour).
Ensuite, comme vengeance, il livre une singulière
bataille contre l'émir de Babylone, Baligan, qu'il
tue aux portes de Saragosse. Marsil, grièvement
blessé, finit également par mourir. Saragosse se
rend, et l'épouse de Marsil, la Reine Bramimonde,
est emmenée en France où elle est convertie au christianisme
et baptisée du nom de Julienne.
--------------------------------------------------------------
VILLAMAYOR
DE MONJARDIN. FURRÈ
Lorsque
Charlemagne, qui avance vers le sud sur le Chemin
de Saint-Jacques, arrive à proximité du mont Garzin
(Monjardín), il doit affronter les troupes d'un
Chef militaire navarrais, Furro ou Furré. Avant
d'entrer en combat, il prie à Dieu de lui révéler
le nom des soldats qui périront dans la bataille,
et le ciel répond à sa demande en marquant d'une
croix rouge les armes de cent cinquante guerriers
francs.
Charlemagne,
compatissant, décide de laisser ces soldats au camp,
à l'abri, sous l'étendard royal. Et lorsque Charlemagne,
après avoir tué Furro et décimé sa troupe de trois
mille navarrais, revient victorieux, il découvre
que le camp a été incendié et que les cent cinquante
hommes ont péri.
-------------------------------------------------------------
VIANA.
CÉSAR BORGIA
César
Borgia, dont la biographie intéressa tellement Nicolas
Machiavel, et dont l'aura aventurière et libertine
a débordé les frontières, associe son nom à la Navarre
de 1491 quand, à l'âge de 16 ans, est nommé évêque
de Pampelune. Destiné à être Pape (ou César), il
occupe sa vie entre l'étude, les jeux de la fortune,
et la diplomatie vaticane. Il est Prince. Guerrier.
A 19 ans, cardinal. A 22 ans, généralissime des
armées de l'Église. À 24 ans (1499), marié à Charlotte
d'Albret, à Blois.
A
la mort de son père, le pape Alexandre VI (1503),
les revers de fortune le conduisent de Rome à Naples,
de Naples à la Tour de la Mota, de prison en prison.
En 1506, il fuit vers la Navarre, en pleine
guerre civile. En 1507, son beau-frère le roi Jean
d'Albret le nomme connétable de Navarre et commandant
en chef des armées. Le 12 Mars de cette année, dans
une escarmouche malheureuse contre le comte de Lerin,
Cesare Borgia meurt dans le Campo de la Verdad,
près de Viana, où il sera enterré. Il a 32 ans.
-------------------------------------------------------------
CLAVIJO.
LES CENT DONZELLES
La
légende raconte que, à l'époque du mythique Roi
Mauregato, les conquérants Sarrasins imposèrent
aux Chrétiens l'obligation de leur remettre chaque
année, comme tribut, cent donzelles.
"Habían
en todo esto de Almanzor dar
cien
doncellas hermosas que fuesen por casar,
habíanlas
por Castiella cada una buscar,
habíanlo
de cumplir, pero con gran pesar".
C'est
ce que raconte, avec un anachronisme amusant, le
Poema de Fernán González.
Ce
tribut se maintient jusqu'au règne de Ramiro I,
qui refuse de satisfaire une telle exigence, ce
qui entraîne une guerre acharnée dont la bataille
décisive est livrée dans la plaine de Clavijo. Au
plus fort de la mêlée, alors que les troupes chrétiennes
sont sur le point d'être battues par les Musulmans,
apparaît l'apôtre Saint Jacques, sur son cheval
blanc, brandissant son épée étincelante et chargeant
contre les Maures. Une fougueuse apparition qui
donne la victoire aux Chrétiens, en ce 23 mai de
l'an 844.
-------------------------------------------------------------------------
SANTO
DOMINGO DE LA CALZADA, DONDE CANTÓ LA GALLINA DESPUÉS
DE ASADA
(où
la poule chanta, rôtie sur le plat)
Depuis
des siècles, un beau poulailler gothique à l'intérieur
de la Cathédrale abrite une poule et un coq vivants,
en souvenir du célèbre miracle qu'Aymeric Picaud
situe à Toulouse au début du XVe siècle, et que
l'historien Huidobro narre ainsi:
"Un couple
d'Allemands, de Xanten, près de Wesel et Rees, dans
l'Archevêché de Cologne, décident, en vertu d'une
promesse, de se rendre en pèlerinage à Compostelle,
accompagnés de leur jeune fils. Ils font une halte
à Santo Domingo, étape du Chemin, et prient avec
grande dévotion devant le glorieux sépulcre de l'église,
renommé pour ses nombreux miracles. Fatigués par
le voyage, ils se rendent dans une auberge, où ils
restent deux jours. La fille de l'aubergiste tombe
amoureuse du jeune homme, mais ce dernier repousse
ses avances. Pour se venger, elle glisse, pendant
son sommeil, une tasse en argent dans le bagage
du jeune pèlerin, pour l'accuser postérieurement
du vol".
Le
jeune est arrêté par le Juge, et pendu pour ce vol
qu'il n'a pas commis. Les parents, arrivés à Compostelle,
prient pour leur fils à Saint-Jacques. Sur le chemin
du retour, ils trouvent leur fils pendu, mais encore
vivant, grâce à l'intercession de l'Apôtre. Ils
se rendent chez le Juge, pour lui raconter le miracle.
Ce dernier, qui est sur le point de dévorer deux
volailles (un coq et une poule), leur répond avec
ironie: "Il est vivant, aussi vrai que ce coq
et cette poule vont se mettre à chanter". Le
coq et la poule sautèrent aussitôt hors du plat,
et le coq chanta et la poule caqueta.
De
là le dicton populaire: "Santo Domingo de la
Calzada, donde cantó la gallina después de asada"
(où la poule chanta, rôtie sur le plat).
--------------------------------------------------------------
LES
MONTS DE OCA (de l'Oie)
Le
nom de Oca (Oie) qui désigne ces montagnes est lié
au symbole utilisé par les constructeurs médiévaux,
la patte d'oie, de même qu'au mythique animal. On
le retrouve constamment tout au long du Chemin.
D'aucuns
affirment que le populaire Jeu de l'Oie, avec sa
séquence d'oies et de ponts et sa forme de labyrinthe,
est une répétition schématique du Chemin de Compostelle,
que les tailleurs de pierres, ses inventeurs, auraient
diffusé.
------------------------------------------------
LE
MONASTÈRE DE SAN ANTÓN (Saint-Antoine). LE MYSTÉRIEUX
ORDRE DES ANTONINS
Les
citoyens du Nord et du Centre de l'Europe, atteints
par le cruel et endémique "feu de Saint-Antoine"
("mal des ardents"), se rendent en pèlerinage
à Compostelle. Sur le chemin, ils demandent aux
moines antonins de soulager la douleur de leurs
extrémités gangrenées, en les touchant de leur crosse
en forme de tau. Les moines antonins leur remettent
un petit scapulaire, qu'ils appellent Tau, et leur
offrent le pain et le vin, bénis, selon le rituel
antonien, par la crosse abbatiale (l'Abbé du monastère).
Parfois, ils leur remettent également les clochettes
bénies du Saint avec la Croix de Saint-Antoine.
Et ils guérissent ainsi, progressivement, et arrivent
parfaitement sains à Saint-Jacques de Compostelle.
Mais, de retour dans leur pays d'origine, la maladie
réapparaît (à la suite, probablement, d'un pêché
commis), et un nouveau pèlerinage s'impose, couronné
d'une autre infaillible guérison.
Ce
qui confirme le pouvoir thaumaturgique de l'Apôtre
en Occident, et du mystérieux Ordre de Saint-Antoine.
Quelques
siècles plus tard, l'Ordre antonin ayant disparu,
la science médicale découvre que le feu de Saint-Antoine
est une maladie vasculaire, aujourd'hui dénommée
ergotisme, et provoquée par l'absorption de seigle
infecté par un champignon parasite (ergot du seigle,
Claviceps purpurea).
Les
habitants des régions froides du Nord de l'Europe,
consommateurs habituels de pain de seigle, tombaient
malades et souffraient de vasoconstriction des extrémités.
Leur pèlerinage, à travers les zones méridionales,
productrices de blé, et où ils s'alimentaient à
base de pain de froment, entraînait leur guérison
progressive.
--------------------------------------------------------------------
PONFERRADA.
LE SECRET DES TEMPLIERS
Ponferrada
n'a pas conservé son pont en granit renforcé de
fer, que l'évêque Osmundo fit construire, et qui
est à l'origine du nom de la ville (Pons-ferrata).
Elle est baignée par les eaux du rio Sil ("El
Miño lleva la fama y el Sil el agua"), et protégée
par le formidable Château des Templiers, construit
en 1178, et d'une telle beauté qu'il surprend le
visiteur. Ses caractéristiques particulières ont,
de tout temps, attiré également l'attention des
spécialistes du Temple, à commencer par ses dimensions,
démesurées, vu son emplacement éloigné des
fronts de guerre.
Il conserve encore plusieurs Signes
de Reconnaissance que l'on retrouve dans les sites
spirituels importants, tels que la triple muraille
(qui évoque les trois voeux prononcés par les Chevaliers),
la Rose des initiés sur la porte d'entrée, le Baphomet
et la Tau. En outre, les douze tours de la primitive
forteresse imitent schématiquement les douze constellations
ou signes du zodiaque. L'érudit Luis San Juan, après
de compliquées opérations astronomico-cabalistiques,
en déduit ainsi que la structure du château renferme
un message pour les initiés: "En la taca
que hay en la g de la ciudad cava, se sale a la
entrada del gran secreto" (l'entrée au Grand
Secret).
Cette
circonstance, liée à la phrase de Fulcanelli dans
ses Demeures Philosophales ("La pierre philosophale
était gardée par douze Templiers, qui rappellent
les signes du zodiaque") et la tradition, qui
affirme que les Templiers auraient trouvé et récupéré
l'Arche de l'Alliance dans le sous-sol des ruines
du Temple de Jérusalem, pourrait laisser supposer
que la forteresse de Ponferrada abrite les objets
à plus grande projection mythique de l'histoire
de l'humanité: la Pierre Philosophale et l'Arche
de l'Alliance.
-------------------------------------------------------------
COMPOSTELLE
La
Cathédrale de Saint-Jacques présente, tant dans
son tracé que dans son plan, toute une série de
caractéristiques particulières du type roman,
qui s'inscrivent dans le dénommé "Art des Pèlerinages":
églises ou basiliques de grandes dimensions, nef
centrale couverte d'une voûte en berceau, vaste
transept doté de collatéraux et de tribunes et,
comme élément architectural révolutionnaire, un
chevet à déambulatoire entouré d'une ceinture de
chapelles rayonnantes, appelé carole.
Cette structure
facilite la circulation à l'intérieur de l'édifice,
sans entraver les fonctions liturgiques, et permet
d'accéder aisément aux différentes reliques conservées
dans les chapelles de la carole. Avec, de plus,
leur triforium, ouvrant sur le vaisseau principal
par une suite d'arcades, qui font le tour de la
cathédrale. Au moins cinq églises reproduisent ce
modèle: Saint-Martin de Tours, Saint-Martial de
Limoges, Saint-Sernin de Toulouse, Sainte-Foy de
Conques et, la plus parfaite de toutes: Saint-Jacques
de Compostelle.
Et
l'affluence de pèlerins était telle qu'il fallut
inventer - pour mitiger l'odeur que dégageait la
foule pieuse - le botafumeiro (gigantesque encensoir).
Le botafumeiro actuel (qui remplace, depuis 1851,
celui en argent emporté par les troupes de Napoléon en 1804) n'est
plus qu'un élément décoratif ou spectacle touristique,
que les visiteurs peuvent contempler à l'occasion
des grandes célébrations solennelles, et tous les
dimanches de l'Année Sainte Compostellane (Jubilaire).
Il est haut de 1,60 mètres et pèse 54 kilos. À l'aide
d'un ensemble de cordes et de poulies, huit hommes
(les tiraboleiros) le font osciller, comme s'il
s'agissait d'un pendule, balayant la nef d'un bout
à l'autre (en 1499, il s'est détaché et a traversé
la porte des Las Platerías, sous le yeux ahuris
de la Princesse Catherine d'Aragon). Pour l'arrêter,
l'un des tiraboleiros se lance sur l'encensoir.
Il existait déjà au XIVe siècle; de même qu'il existait
d'autres turibuli magni dans les Cathédrales de
Zamora, Ourense et Tui.
----------------------------------------------------

----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------
retour
à Q.Culture Histoire
home
|