Actes
et mort du saint apôtre Jacques, frère du saint
apôtre et évangéliste Jean le Théologien.
Un
texte apocryphe relatif à Jacques le Majeur - Auteur
inconnu
http://lodel.irevues.inist.fr/saintjacquesinfo/index.php?id=1163
SaintJacquesInfo
- Textes, Les textes de Jacques, mis à jour le 29/05/2009,
URL
: http://lodel.irevues.inist.fr/saintjacquesinfo/index.php?id=1163
Notes
de la rédaction : Edition et traduction : Ebersolt,
Jean, Les Actes de saint Jacques et les Actes d'Aquilas
publiés d'après deux manuscrits grecs de la Bibliothèque
Nationale, Paris, Ernest Ledoux, 1902, p. 1-43.
1.
En ce temps-là, Zébédée le Galiléen eut deux fils;
le premier fut appelé Jacques, le deuxième Jean,
surnommé aussi le Théologien. Ces vénérables et
très saints enfants furent dès l'origine vertueux,
disciplinés, très intelligents et devinrent les
premiers disciples de Jean-Baptiste le précurseur.
Puis, lorsque Jean le Précurseur, qui annonçait
le baptême de repentance, voyant le Christ venir
à lui, dit: "Voici l'agneau de Dieu qui enlève
le péché du monde", Jacques et Jean, entendant
ces paroles, abandonnèrent Jean le Précurseur et
suivirent le Seigneur Jésus.
2.
Jésus, ayant été baptisé par Jean dans le fleuve
du Jourdain, s'en alla le huitième jour au désert,
poussé par l'esprit pour y être tenté par le diable.
Les bienheureux Jacques et Jean retournèrent en
Galilée auprès de leur père Zébédée. Zébédée était
en effet de haute naissance, un des premiers citoyens
de la Galilée, pourvu de grandes richesses, et ils
vivaient, avec lui.
3.
Jésus, étant revenu du désert après les quarante
jours de la tentation, alla à Béthanie. Ayant appris
que Jean-Baptiste avait été livré et qu'il était
enfermé en prison, il s'éloigna et se rendit à Capernaoum,
ville située au bord de la mer. Là, il trouva tout
d'abord l'apôtre André. Celui-ci amena son propre
frère Simon à Jésus, qui l'appela Pierre. Ils étaient
pêcheurs. Jésus, étant monté dans leur barque, passa
à Bethsaïda, et se rendit à Génésareth, prêchant
et annonçant la bonne nouvelle de son règne, guérissant
toute maladie et toute infirmité du peuple.
4.
Alors le Seigneur, voyant les deux frères Jacques
et Jean avec leur père Zébédée, les appela par leur
nom, et ce jour-là il monta dans leur maison. Notre
Seigneur et Dieu y tint un discours sur le royaume
des cieux; leur mère, croyant qu'il annonçait un
royaume temporaire et terrestre, s'approcha de lui,
pour lui faire une requête: "Maître, dit-elle,
je veux que dans ta gloire, mes fils soient assis
l'un à ta droite, l'autre à ta gauche".
Le
Seigneur lui répondit:
"Tu
ne sais pas, femme, ce que tu as demandé; car (le
droit) d'être assis à ma droite et à ma gauche,
ce n'est pas à moi de l'accorder; ces places seront
à ceux pour qui elles ont été préparées, c'est-à-dire
pour ceux qui combattront pour l'obtenir par un
zèle plus grand, une ardeur plus vive, des luttes
et des épreuves plus nombreuses".
5.
Jacques et Jean en effet pensaient devoir être préférés
aux autres disciples, parce qu'ils étaient allés
les premiers au Sauveur, que celui-ci avait séjourné
dans leur maison, et parce qu'ils jouissaient auprès
de lui d'une amitié et d'une confiance très grandes.
Aussi le Seigneur, dans la crainte de voir Jacques
et Jean devenir plus insouciants, leur dit, pour
les détourner de cette pensée :
"Il
ne m'appartient pas de vous le donner, mais, si
vous le vouliez, c'est à vous de l'obtenir, en montrant
un zèle plus ardent pour la prédication, un travail
plus actif, un empressement plus considérable. C'est
en effet aux oeuvres que je donne les couronnes,
aux travaux que je réserve les honneurs, au labeur
que je destine le prix du combat, car la meilleure
recommandation auprès de moi, dit-il, c'est le témoignage
qui vient des oeuvres".
Et
le Seigneur les appela Boanerges, c'est-à-dire fils
du tonnerre.
6.
Leur père Zébédée étant mort en Galilée, leur mère
se réunit à la mère du Seigneur. Tous les nombreux
biens qu'ils possédaient en Galilée, ils les vendirent,
et achetèrent à Jérusalem ce qui est la sainte Sion,
comme le dit Hippolyte de Thèbes. Caïphe remplissait
cette année-là les fonctions de grand prêtre; comme
il était étranger au pays (il était originaire de
Kios, ville de la province de Bithynie), les deux
frères lui donnèrent la moitié de leur habitation
en jouissance, et dans l'autre moitié ils préparèrent
la Pâque. C'est pour cela que ce disciple, qui est
Jean le Théologien, était connu du grand prêtre,
c'est-à-dire de Caïphe.
7.
Après la divine et sainte Ascension de notre Seigneur
Dieu et Sauveur Jésus Christ, et la descente du
Saint-Esprit sur les douze disciples, ceux-ci dès
lors se dispersèrent parmi toutes les nations. Le
bienheureux Jacques, fils de Zébédée s'en alla dans
les villes de la Judée, prêchant et annonçant le
Christ pendant dix ans. Il faisait publiquement
beaucoup de guérisons et de grands miracles, entrait
dans les synagogues, expliquait à tous les passages
de la Loi et des Prophètes qu'on lisait, convainquait
les Juifs par leurs propres écritures que Jésus
est le Christ, le fils du Dieu vivant. Ce bienheureux
apôtre du Seigneur en instruisait beaucoup; il enseignait,
avertissait, catéchisait, baptisait Juifs et Grecs,
hommes et femmes, imposait les mains aux malades,
aux démoniaques qui venaient à lui, leur disant:
"Jésus-Christ le Nazaréen vous guérit".
Et aussitôt, tous étaient délivrés de leurs maux.
Beaucoup de magistrats aussi crurent, grâce à sa
parole et à son enseignement. Le bienheureux Jacques
était en effet très savant et très éloquent, et
il réfutait vigoureusement les sages juifs et grecs.
8.
Aussi, les Juifs misérables et pervers s'opposèrent
à lui sans cesse. Ils ne supportaient pas en effet
le tonnerre de sa voix dans son enseignement, ni
la richesse et la sincérité de ses paroles. Ils
allèrent auprès d'Hérode, appelé aussi Antipas,
comme Josèphe le rapporte. Celui-ci était le fils
d'Aristobule, fils de Mariamne, fille du grand prêtre
Hyrcan. Ces Juifs insensés et adversaires de Dieu
se rendirent donc, comme je l'ai déjà dit, auprès
d'Hérode avec de nombreux présents et, lui demandèrent
de faire périr le bienheureux Jacques, sous Claude
César, en lui donnant des biens considérables.
9.
Hérode envoya un de ses soldats, et fit amener Jacques
à Jérusalem, comme le témoignent les Actes des Apôtres:
"Vers ce temps-là, racontent-ils, c'est-à-dire
sous Claude César, le roi Hérode se mit à persécuter
quelques-uns des membres de l'Eglise. Il fit mourir
par le glaive Jacques le frère de Jean". Clément,
l'auteur des Stromates, d'autre part dit ceci: "Le
soldat envoyé par le roi Hérode pour amener le saint
apôtre Jacques à Jérusalem, instruit par celui-ci
pendant la route dans la prédication du salut, confessa
être chrétien. Il prit le sceau en Christ, et ayant
été baptisé par lui, il fut mis à mort avec lui".
10.
Le roi Hérode, informé de la présence du saint et
bienheureux apôtre Jacques, s'assit sur son tribunal,
et donna l'ordre de le faire venir avec le soldat
qui l'avait amené. Le roi, ayant jeté les yeux sur
lui, dit :
"Les
grands prêtres et les magistrats des Juifs ont livré
à Pilate Jésus votre maître, qui se disait être
roi et s'était déclaré contre César. Ils le crucifièrent,
et lorsqu'il eut expiré, ils le placèrent dans un
tombeau, puisqu'il était mort; mais vous, vous l'avez
volé de nuit, et vous égarez le peuple ignorant
et naïf, lui faisant croire qu'il est ressuscité
des morts. Les grands prêtres, après vous avoir
fait battre de verges, vous défendirent de parler
à personne en son nom. Mais tu as séduit toute la
Judée, te déclarant contre César et attendant la
royauté de Jésus".
11.
Le bienheureux Jacques allait répondre à Hérode.
Mais le soldat qui était avec lui, prenant les devants,
répondit en face au roi. Celui-ci, s'étant mis dans
une violente colère, rendit contre eux sa sentence,
et aussitôt ils furent tous deux mis à mort avec
des épées par les bourreaux.
12.
Aussitôt après le meurtre du saint et très illustre
apôtre Jacques, le roi Hérode mit en prison Pierre,
le saint et bienheureux apôtre du Christ. Celui-ci
fut délivré de nuit par un ange.
13.
Alors le roi Hérode, étant descendu à Césarée de
Straton, fit une grande fête en l'honneur du César
Claude. II réunit en ce lieu ceux qui étaient sous
son autorité, les consuls, les généraux, les préfets,
les gouverneurs, les tyrans, les magistrat, et tous
les chefs de districts. Quand le peuple fut rassemblé,
il monta sur un lieu élevé. Il portait un vêtement
royal fait en argent; il regarda du côté de l'Orient;
le soleil se levait; l'argent jetait un vif éclat
et sa vue était effrayante. Alors le roi, comme
mû par un sentiment d'orgueil et de joie, s'entretenait
avec eux au sujet des Tyriens et des Sidoniens,
qui avaient provoqué son courroux, et avaient obtenu
la paix grâce à Blastus. Ces grands personnages
qui font acception des personnes lui dirent: "Jusqu'à
ce moment, nous te regardions comme un homme; nous
ne savions pas que tu es un dieu bienfaisant, bon,
prévoyant, et nous nous trompions jusqu'à ce jour".
Celui-ci, bien loin de leur faire des reproches,
écouta ces choses avec plaisir assez longtemps.
Puis, ayant levé les yeux, il vit au-dessus de sa
tête un ange du Seigneur, tenant une épée dans sa
main, et sur le point de le frapper au ventre. Il
poussa un grand gémissement et dit au peuple: "Moi
que vous appelez un dieu, me voici puni comme un
coupable", Le lendemain, ayant rejeté par la
bouche et les entrailles du sang mêlé de vers, le
misérable expira, ayant obtenu un châtiment digne
de son blasphème.
14.
Après la mort par l'épée du bienheureux et saint
apôtre Jacques et du soldat qui était avec lui,
les apôtres Pierre, Jean, Jacques, le frère du Seigneur,
et les autres se rassemblèrent aussitôt, firent
de longs gémissements et de grandes lamentations
sur lui, et ensuite des funérailles accompagnées
,d'un hymne funéraire et les enveloppèrent d'étoffes
précieuses, le trente du mois d'avril. Des prodiges
insignes, nombreux, merveilleux et surprenants,
se produisirent sur son tombeau, non seulement sur
le moment, mais même encore aujourd'hui; ils ont
lieu perpétuellement, à la gloire et à l'honneur
de notre grand Dieu et Sauveur Jésus-Christ, à qui
appartiennent, ainsi qu'au Père et au Saint-Esprit,
la gloire et la puissance, maintenant et à toujours,
et aux siècles des siècles. Amen.
-----------------------------------------------------------
retour
à Q.Culture Histoire

delhommeb
at wanadoo.fr - 01/12/2012
|