Journée
ordinaire d'un hospitalier
(Bulletin
A.Vézelay 00 - 2013)
Il
est 7h. Il faut se lever, deux pèlerins souhaitent
partir vers 8h.
Je
repense à la belle soirée d'hier. C'est parfois
magique: Belge, Québécois, Allemand et Français
autour d'une même table et du bon repas que j'ai
préparé. Les anecdotes et histoires du chemin n'en
finissent plus et repoussent l'heure du coucher.
Assez
rêvé, il faut mettre la table pour le petit déjeuner,
j'entends l'agitation dans les chambres et le bruit
des sacs que l'on prépare. 8H15, c'est le départ
des pèlerins.
Pour
moi le moment le plus difficile. Ces quelques heures
passées ensemble ont créé un début de lien et, chaque
matin, j'ai un peu de mal à les voir partir en pensant
que nous ne nous reverrons certainement jamais.
Je mettrais bien mon sac pour aller avec eux.
Seul,
je prends un café avant de commencer la remise en
ordre du gîte. La sonnerie du téléphone me sort
de mon travail: une réservation pour demain.
Il
me reste une heure avant midi. Je vais partir faire
les provisions pour ce soir, quatre pèlerins sont
attendus. Il fait très chaud, je vais profiter de
la fermeture du gîte et faire une petite sieste.
Un appel téléphonique me réveille: un pèlerin supplémentaire
ce soir. Pas de souci, j'ai des réserves au congélateur.
15h30,
je vais préparer le dîner. Le potage est fait depuis
hier. Comme plat principal, des cuisses de poulet
aux prunes glanées dans le coin, et, comme dessert,
une tarte aux figues, offertes par un voisin du
gîte.
Le
premier pèlerin arrive un peu avant 16h. Il apprécie
le verre d'eau fraîche que je lui offre. Le temps
de discuter avec lui et de l'enregistrer, d'autres
arrivent, le gîte revit. Ils se sont rencontrés
les jours précédents sur le parcours. La discussion
s'engage, cela me permet de continuer la préparation
du repas.
Le
temps passe vite. Je suis occupé par le dîner et
les questions diverses des pèlerins: quel est l'état
du chemin ? L’église est elle ouverte ? quel hébergement
pour demain ?.... Petit à petit, ils se placent
autour de la table; ils ont un chronomètre dans
l'estomac, il est effectivement 19h.
Autour
du potage, certains se livrent un peu, d'autres
mettront plus longtemps. Malgré la barrière de la
langue, nous arrivons à nous comprendre, et les
Québécois avec leur accent inimitable créent l'ambiance.
Je peux me consacrer au service, il n'est pas besoin
de relancer la discussion, il n'y a pas de temps
mort.
Malgré
la fatigue du jour, ils ne sont pas pressés d’aller
se coucher, et je dois les pousser un peu. 22H,
encore quelques discussions dans la chambre, mais
rapidement les lumières s'éteignent et le silence
se fait. Je vais aussi prendre un peu de repos et
rêver, que demain, je repars sur le chemin.
Il
est 6h30, il faut se lever....
La
Trace
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