Etre
hospitalier (Guy Perrollaz) Association
des Amis de St Jacques Aquitaine - Témoignages
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Pourquoi?
Lorsque, en 1998, je suis revenu de Santiago, je
ne me doutais pas de ce qui m'attendait, je ne pensais
pas que, 10 ans plus tard, je serais toujours sur
les chemins, avec mon sac certes puisque j'ai refait
le chemin, mais surtout par l'esprit.
Cet esprit
qui est en moi au départ et ne me quitte plus, même
au retour, je l'ai trouvé en mettant mes pas dans
ceux de milliers de pèlerins, et ne peux ni ne veux
m'en défaire, et c'est par ce biais que j'ai compris
qu'il fallait que je rende, avec mes modestes possibilités,
tout ce que j'avais compris du chemin, tout ce qui
m'avait été donné de voir, de comprendre, de recevoir,
de donner.
Comment
rendre tout cela, si ce n'est en se mettant au service
du pèlerin en tant qu'hospitalier, alors je suis
venu à St Jean Pied de Port, puis à St Vincent l'Espinasse
près de Moissac, puis Saint Palais, et je recommence
chaque année, car c'est aussi faire un autre chemin
que d'être hospitalier et s'y sentir bien.
Comment
? D'un gîte à l'autre, la fonction d'hospitalier
est différente, mais la base de fonctionnement est
la même: accueil, enregistrement, renseignements,
repas, ménage, etc.. cela varie si je suis hospitalier
en gîte privé ou pas, ou si je suis accueillant.
La
fonction ne consiste pas à prendre une inscription,
donner un lit et "basta", non il faut
renseigner, aider, faire partie intégrante du chemin
du pèlerin, et cela sans s'immiscer dans le sien.
Les
journées sont parfois longues et fatigantes, le
matin il faut être debout très tôt pour préparer
le petit déjeuner, sourire au pèlerin qui parfois
a mal dormi, l'accompagner un bout de route si cela
est possible, et revenir au gîte secouer celui qui
traîne, car pour lui aussi la journée sera dure.
Une
fois ce petit monde parti, c'est le ménage qui commence!!
tâche répétitive, peu gratifiante, mais quelle satisfaction
lorsque le pèlerin qui arrive s'exclame: "qu'il
est bon d'être ici dans un endroit propre",
oui cela est peu, mais me met du baume au coeur.
Il faut savoir que c'est tous les jours que je passe
plusieurs heures au nettoyage, et cela va du dortoir
à la cuisine en passant par les douches et les toilettes
qu'il faut parfois déboucher.
Et la journée continue
avec ces arrivées de pèlerins et les fonctions qui
s'y rattachent: inscription, lit,etc... mais surtout,
il faut prendre soin du pèlerin, je veux dire être
à l'écoute, car il a parfois passé une dure journée,
et il a besoin de s'exprimer, que quelqu'un l'entende
et surtout le comprenne, le moral du lendemain n'en
sera que meilleur s'il a été bien accueilli.
Bref,
je tente de veiller à une bonne harmonie entre hospitalier
et pèlerin, du respect de tous et de chacun dépend
le bon fonctionnement du gîte. Il faut savoir écouter
et satisfaire son monde sans stresser.
Et c'est
vers 23 heures, quand tout le monde est couché et
après ma tournée, que je prends soin de moi, c'est
à dire dormir jusqu'à 6 heures, mais il faut se
rendre à l'évidence, la journée a été dure, comme
la précédente et comme la suivante.
A
St Jean Pied de Port, cela est différent, je ne
suis plus hospitalier mais accueillant, cela parce
que tout en étant toujours près du pèlerin, il n'y
a pas de nettoyage ni de repas, hormis le nettoyage
de l'accueil et les repas des accueillants, et pour
cela nous sommes plusieurs.
Mais le "travail"
d'accueillant est tellement prenant qu'il faut être
un groupe, nous sommes quatre à St Jean, et c'est
tous les jours des dizaines de pèlerins et touristes
(pèlerins en devenir) que nous recevons, leur nombre
peut aller jusqu'à 300.
La
fonction d'accueillant est là plus poussée, car
il faut en plus donner des informations sur la traversée
des Pyrénées: gîtes, difficultés du chemin, points
d'eau, météo, conseils sur le poids du sac qu'il
faut parfois alléger, mais aussi donner des renseignements
sur les étapes qui suivent, mais surtout être à
l'écoute du pèlerin comme il est à la mienne et
le sécuriser.
Beaucoup
commencent le chemin à St Jean Pied de Port, il
faut les déstresser du voyage, car certains arrivent
d'autres continents, d'autres des pays d'Europe
Centrale et de l'Est, et nous sommes là pour qu'ils
démarrent bien leur chemin.
Vers
22 heures, fermeture, trésorerie, puis je pense
à me coucher, j'ai plus de 15 heures d'accueil et
de présence, et le lendemain à 7 h30, j'ouvre la
porte avec le sourire pour dire au revoir aux pèlerins
qui passent, et l'accueil est ouvert. Une autre
journée commence.
Oui,
c'est cela la fonction d'un hospitalier ou d'un
accueillant, mais ce qui compte davantage que ce
que j'ai écrit, c'est l'esprit. Cet esprit qui se
traduit par une bonne atmosphère, un bon accueil,
un intérêt réciproque, une écoute sincère et d'une
multitude de petits gestes qui se traduisent par
la satisfaction du pèlerin.
Il
y aura toujours des critiques, mais aussi des remerciements
et quels qu'ils soient, je continuerai à servir
mon prochain. Quel est le besoin, la force, pour
agir ainsi? Les services reçus sont tels que j'éprouve
le besoin de rendre, et c'est aussi une autre façon
de faire mon chemin sans mon sac à dos et par de
là le monde.
Pèlerins,
qui que vous soyez, oû que vous soyez, respectez
les lieux qui vous accueillent et ceux qui s'y trouvent,
vous contribuerez à en perdurer l'esprit.
Il
est des jours où l'on se fuit, il est des jours
où l'on se cherche... Par une action de vouloir,
d'humilité et de courage, NOUS, marcheurs, devenons
pèlerins.
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