Le
point de vue de Christiane Zoreilles
du Chemin n°28 Déc 2012
Excusez-moi
pour l'inconfort que vous ressentirez peut-être
en lisant ces mots, mais en cette fin de saison
jacquaire, il y a un trop-plein de mécontentement,
face à des comportements indélicats et irresponsables
de certains marcheurs se prétendant être pèlerins.
Je
peux tolérer et supporter beaucoup de choses, mais
trop, c'est trop ! Et je ne suis pas la seule, je
parle au nom de plusieurs hébergeurs, sur cette
voie où le portage de sacs n'est pas organisé, Dieu
merci !
Que
tous ne se sentent pas visés, c'est une minorité
de marcheurs qui nous gâchent le plaisir d'accueillir,
mais cela finit par nous exaspérer.
-
Il faut apprendre à assumer vos choix: faire une
longue étape, arriver tard, parfois sans vous annoncer,
et espérer la demi-pension, et vous fâcher ou paniquer
si je vous dis que je ne sers pas le repas.
-
On n'organise pas une étape de 18 km de la même
façon qu'une étape de 34 km ! Et partir pour 34
km sans s'assurer qu'il y a de la place, c'est de
l'inconscience !
-
Certains veulent être libres, ne pas se contraindre
à réserver, arriver tard, passer une demi-heure
sous la douche sans se soucier que d'autres attendent
leur tour, et n'avoir plus qu'à mettre les pieds
sous la table et être servis... Avant, on disait:
le touriste est roi ! Il y a donc tant de ''touristes''sur
le chemin ?
-
Savoir qu'en arrivant tard, au mois d'octobre où
les journées raccourcissent, votre linge ne sera
pas sec pour le lendemain. Est-ce à nous de payer
l'électricité du radiateur que vous ne tarderez
pas à allumer pour sécher votre linge, alors que
la température de la chambre ne nécessite pas de
chauffage ?
-
Essayer plusieurs lits pour en trouver un à votre
goût, sans réaliser que tous les draps seront chiffonnés,
et que le lendemain matin, je me gratterai la tête
en me demandant dans quel lit vous avez bien pu
dormir. Ce serait tellement plus simple pour nous
si vous n'utilisiez qu'un seul lit, et si vous pensiez
à enlever la taie d'oreiller de votre lit !
-
Si certains peuvent prendre une douche sans inonder
toute la salle de bain, pourquoi pas vous ? Et que
dire de l'état des toilettes après votre passage,
messieurs ?
-
Certains pèlerins ont dû passer une heure à remettre
en état de propreté la cuisine d'un gîte communal,
après le passage des cinq pèlerins de la veille,
qui avaient laissé la cuisine dans un état de souillure
indescriptible. Passer la vaisselle utilisée sous
le robinet d'eau froide et la laisser égoutter,
alors que du produit de vaisselle est à votre disposition,
qu'un torchon est posé là, bien en vue, ne souhaitant
qu'à servir, et nous obliger à repasser derrière
vous pour que tout soit propre pour les suivants,
vous trouvez cela normal ?
Ça
sert à quoi d'être sur le chemin si ce chemin n'est
pas l'occasion d'un petit pas vers une conscience
collective et écologique ?
Ça
sert à quoi d'être chaque année sur une voie jacquaire
si son chemin n'est pas l'occasion de sortir un
peu de nos égoïsmes et lâcher un peu nos exigences
?
Je
me sens, grâce à ces quelques lignes rédigées à
chaud, allégée et en ordre vis à vis des pèlerins
qui doivent eux aussi subir de tels comportements.
Je pourrai reprendre l'accueil la saison prochaine
avec coeur, en espérant que ceux qui se sentent
visés auront compris quelque chose, et auront toute
leur place sur le chemin. Aujourd'hui, plus que
jamais, une conscience collective est nécessaire,
et le chemin est un lieu d'apprentissage.
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