Hospitalero
à Arrés (Louis)
(ASJ
Alpilles : Chemin faisant n°14)
Chers
Amis Pèlerins,
Bons
souvenirs de Arrés, village de 15 habitants dans
les Pyrénées Aragonaises.
C’est
dans un village perdu, sans magasin d’alimentation,
ni restaurant, que l’accueil réservé aux pèlerins
peut-être le plus bénéfique. Accueil et Ecoute.
La
première impression est que l’accueil réservé par
l’hospitalier est primordial. Une certaine expérience
du Chemin me permet de constater que le pèlerin
qui a marché longtemps, de nombreuses heures seul,
aime trouver la fraternité à la fin de l’étape.
L’hospitalier attend le pèlerin devant l’Auberge.
"Bienvenue. Je t’attendais. Je m’appelle Louis.
Donne moi ton sac". Le pèlerin toujours plus
jeune que mois refuse. "Donne-moi le. Pour
le montrer que je suis là pour t’aider. C’est ta
maison. Entre".
Les
renseignements pratiques sont donnés : où sont les
douches, les W.C, la lessive pour laver le linge,
le séchoir et les épingles à linge, etc... "Viens
te désaltérer. Je te conseille de laver ton linge
tout de suite après, il aura le temps de sécher
pendant que tu prendras ta douche et que tu te reposeras..
Choisis ton lit et repose-toi après cette longue
étape".
J’ai
vu qu’il n’y avait pas d’épicerie dans le village.
Où peut on manger ? demande le pèlerin. "Tu
es mon hôte. Nous partagerons mon repas avec les
autres pèlerins. Le souper est servi à 20 H 30,
pour avoir le temps de parler. Partager les mêmes
joies et les mêmes peines, dialoguer avec son prochain,
parler de ses expériences et de ses espérances".
Ceux qui ont marché de nombreux jours, se nourrissant
de sandwiches, d’un morceau de pain et de fromage,
apprécient une soupe bienvenue. Elle leur apporte
le liquide, les sels minéraux et les légumes qui
leur manquent. Ensuite, une salade mélangée pour
avoir des sucres lents : riz, tomates, oeufs durs,
olives et salade verte, suivie d’une dessert, flan
au chocolat ou riz au lait.
Une
grande table réunit les pèlerins qui ne pensent
pas à manger chacun dans son coin. La convivialité
s’installe, les conversations se font amicales,
les échanges se créent. Le repas du soir est précédé
du "Bénédicité" que l’hospitalier chante
en français, puis traduit en espagnol, allemand
et anglais. Il donne l’étymologie de "compagnons"
ou en espagnol "compañeros" : en latin
"cum pane" ce qui veut dire "avec
le pain" d’où "copain" . Il cite
l’évangile selon Mathieu, XXV. 35 à 40: "J’avais
faim et vous m’avez donné à manger. J’avais soif
et vous m’avez donné à boire. J’étais étranger et
vous m’avez accueilli".
Il
annonce que le petit-déjeuner sera servi de bonne
heure : 5 H 30 ou 06 H 00 pour pouvoir marcher "à
la
fraîche".
Madeleines, pain et confiture, miel, café ou chocolat,
muesli et yaourt fait maison. Le pèlerin ne trouvera
pas, le lendemain, de bar ouvert avant 10 H et partira
avec un sandwich : pain beurre, jambon ou fromage.
Il
cite l’histoire des Hospitaliers de Saint Jean de
Jérusalem, devenus plus tard Chevalier de Malte,
qui servaient les pèlerins dans de la vaisselle
d’or ou d’argent, les appelant "Nos Seigneurs
les Pauvres". Et il y a toujours au bout de
la table une assiette en plus, l’Assiette du Pauvre
pour perpétuer la tradition d’hospitalité.
Il
propose, mais n’impose pas, aux pèlerins qui le
désireraient, d’aller, après le souper, faire une
prière en
commun
à l’église dont il a la clef.
Aux
pèlerins qui demandent combien coûteront le souper
et le petit-déjeuner, l’hospitalier répond : "Tu
es mon invité, et c’est avec plaisir que je t’accueille.
Si toutefois tu peux laisser un peu d’argent pour
les pèlerins qui passeront demain, ton offrande
sera bienvenue". Il y a une boîte de "donativos"
ou même une boîte ouverte avec de l’argent dedans
et un mot : "Laisse ce que tu peux – Prends
ce dont tu as besoin".
Quand
il met le sceau de l’Auberge sur la crédencial du
pèlerin, l’hospitalier écrit quelques mots pour
compenser l’anonymat du sceau. Par exemple les mots
avec lesquels au Moyen Âge on saluait les pèlerins
qui passaient : "Priez pour nous à Compostelle",
et tous ont remarqué cette phrase.
Le
petit-déjeuner permet de chanter en canon "Frères
Jacques", chacun dans sa langue. Nous nous
séparons avec une accolade et quelques paroles à
méditer sur le Chemin. "Tu ne fais pas le Chemin,
c’est le Chemin qui te fait" . Ou "Chemin
de solitude et Chemin de rencontres". Ou "Marcher
comme si tout dépendait de toi. Prier comme si tout
dépendait de Dieu".
La
pratique des langues étrangères est un plus, mais
rien ne remplacera le sourire de l’accueil.
Voilà
ma manière de vivre l’évangile et de remercier les
Espagnols qui m’ont accueilli tant de fois et si
bien.
Louis.
retour
à Q.Pratique retour
|