Le
prix des hébergements : Petit mémoire sur l'état
des prix Les Zoreilles
du Chemin
n° 45 (sept 2014)
Chaque
année, au moment de la mise à jour des topo-guides
du Chemin, se pose la question de définir les prix
des prestations pour l'année suivante.
On
se demande d'ailleurs s'il est absolument nécessaire
qu'un hébergement modifie ses prix d'une année sur
l'autre. L'inflation étant extrêmement faible depuis
des années, il serait presque logique de ne rien
bouger du tout. Et ce n'est pas parce que le gazole
a augmenté de 3 centimes par litre que le petit
déjeuner doit se manger un euro...
Certains
hébergeurs calculent autrement: sachant qu'ils ont
besoin de "x" milliers d'euros pour boucler
leur budget, ils divisent ce montant par le nombre
de pèlerins de l'année précédente, ce qui donne
le nouveau montant à appliquer. Résultat: comme
c'est trop cher pour bien des pèlerins, ceux-ci
fréquentent moins cet établissement, qui, du coup,
va ré-augmenter ses prix l'année suivante, entrant
dans une spirale infernale qui a deux effets pervers:
1)
cette structure aura de moins en moins de monde
2)
l'image du chemin "trop cher" entraînera
une moindre fréquentation pour tous les autres
Une
autre composante de cette augmentation des prix
provient des pèlerins eux-mêmes, surtout ceux qui
fréquentent chaque année le chemin sur une dizaine
de jours. Ils ont le même budget pour leurs dix
jours de vacances que celui qui marche 70 jours
entre Le Puy et Santiago. Ils sont donc moins regardants
quant au tarif de la prestation.
Force
est de constater que bien peu nombreux sont les
hébergements raisonnables, notamment sur le GR 65,
le plus parcouru des chemins de Saint Jacques. Quand
on compare les prix sur plusieurs années, on constate
une inexorable tendance à la hausse. Et cette hausse
ne se mesure pas en centimes d'euros, mais directement
en euros entiers. Par exemple, telle chambre d'hôtes
qui était en 2013 à 45 € (2 personnes, petit déjeuner
compris) va passer en 2014 à 50 €... Tel gîte qui
offrait la nuitée à 14 € va demander 15 €. Les repas
prennent allègrement 1 à 2 euros de plus chaque
année. Certaines chambres d'hôtes, aujourd'hui,
coûtent plus cher pour deux personnes qu'une nuit
à l'hôtel. Certains gîtes d'étape, toujours pour
deux personnes, coûtent parfois plus cher qu'une
nuit en chambre d'hôtes... Jusqu'où va-t-on aller
? Où va s'arrêter ce cycle pervers ?
Bien
entendu, les plus jeunes, qui ont un pouvoir d'achat
modeste, ne peuvent pas suivre une telle inflation,
sauf à dormir chaque soir sur une botte de foin.
Bientôt ils iront marcher ailleurs...
Il
faut se souvenir qu'un prix, en économie, ne doit
pas correspondre au souhait du propriétaire, mais
à la valeur réelle du produit. D'autres pays ont
payé très cher le fait de considérer le touriste,
le passant, comme un portefeuille ambulant, et ont
vu la fréquentation étrangère baisser drastiquement.
Un pèlerin qui traverse le village, c'est comme
un buisson: on peut l'élaguer modérément et soulager
le marcheur de quelques euros, mais si on taille
trop sévèrement, le buisson va dépérir, et le pèlerin
ne reviendra plus...
Peut-être
certains pensent-ils que leur présence au bord du
chemin est une chance, et qu'ils seraient bien stupides
de se priver d'une manne financière qui passe chaque
jour devant leur fenêtre. Hélas, cette manne pourrait
bien un jour cesse de tomber du ciel. Déjà, aux
dires de nombreux hébergeants, 2014 a vu une baisse
notable de la fréquentation des marcheurs.
Il
faut le dire haut et fort, que cela plaise ou non:
aujourd'hui, les prix des services sur le GR 65
sont trop élevés, et ne correspondent plus au tarif
normal d'une prestation. Il reste alors deux hypothèses:
1)
ou bien les prix baissent et le chemin retrouve
ses pèlerins de plus en plus nombreux
2)
ou bien les prix continuent à augmenter chaque année,
et le flot des pèlerins va se tarir inexorablement
La
belle aventure du renouveau du chemin de Saint Jacques
aura alors vécu, l'espace de quelques années. Il
demeure toutefois une fleur d'espoir, qu'on commencé
à cultiver certains: en 2014, ils ont diminué leurs
tarifs, et ont fait le plein de marcheurs. Qu'ils
soient des prophètes sur le chemin du bon-sens...
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