Zoreilles
n° 47 (novembre
2014)
Jean-Marc
Lucien, Hospitalité Chrétienne Pèlerins d’Emmaüs
à Saint-Privat-d'Allier
Depuis
plusieurs numéros des Zoreilles, différentes personnes
prennent position sur le sujet des "Donativo"
avec ou sans "s", en se référant bien
sûr à leur situation personnelle, pour émettre leur
avis sur cette réalité du chemin. Chacun est libre
d'avoir sa propre opinion et de défendre ainsi son
gagne-pain, même avec des argumentations "complexes",
financières ou moralisatrices. Et je me refuse à
ouvrir la boîte à polémique pour contester ou approuver
telle ou telle vision. Mais étant directement concerné
par ces affirmations péremptoires sans qu'aucun
échange ne m'ait été proposé par les détracteurs
de l'accueil en libre-participation, je souhaite
utiliser mon juste droit de réponse pour exprimer
la version "hébergeur libre" qui défend
son approche de l'accueil "Donativo",
témoignage de Foi.
Première
remarque:
Ce
chemin, n'en déplaise aux Organisations et Associations
commerciales, est avant tout un chemin de "Pèlerinage"
et non de randonnée; et ceux qui le fréquentent
ne sont généralement pas les mêmes que les habitués
des GR20, GR10, et autres grandes randonnées. Il
y a quelques marcheurs plus ou moins désargentés,
c'est vrai, mais surtout beaucoup de blessés de
la vie. Je réfute absolument l'idée que les accueils
chrétiens "donativo" sont là pour les
pauvres financièrement, et que des riches en profitent.
Je sais bien que d'aucuns voudraient que notre motivation
soit limitée à cela, mais non, nous sommes là pour
tous ceux qui sont en marche avec des poids de vie
trop lourds, quels que soient leurs moyens financiers.
C'est notre rôle de chrétiens que nous tenons, et
notre manière de témoigner de notre Foi.
Et
si nous sommes en libre-participation, c'est parce
que nous affirmons avec force que nous recevons,
en chaque pèlerin, le Christ qui frappe à notre
porte. Il ne nous parait pas conforme à notre Foi
de recevoir notre Sauveur en lui proposant un prix
à payer... Celui qu'Il a versé pour nous (Sa mort
sur le Sainte Croix) nous semble incomparable pour
oser demander un prix ! Lorsque nos amis hébergeurs,
détracteurs de notre approche, s'expriment
au nom de la Foi, en s'appuyant sur un vague passage
de l’Evangile sans pour autant accepter de prendre
en compte l'ensemble de la démarche chrétienne,
ils usurpent des compétences qu'ils n'ont pas; ils
n'ont pas eu le courage d'ailleurs d'échanger avec
nous sur la démarche de Foi avant de critiquer...!
Je
comprends bien que la charité humaniste est discrète,
et personne ne le conteste; mais en ce qui concerne
le témoignage chrétien par l'accueil du Frère en
Christ (pas seulement offrir le lit et la soupe,
ça c'est facile), mais prendre le temps de prier
pour et avec l'accueilli, comme le rappelle notre
Evangile, la lumière n'est pas faite pour être mise
sous le boisseau. Cet Accueil est et restera avant
tout "Chrétien", l'affichera sur tous
les supports concernés, et, parce que le Christ
y est accueilli, restera "Libre".
Deuxième
remarque:
Les
hébergements commerciaux, en guerre les uns contre
les autres, n'ont pas besoin des accueils chrétiens
"donativo" pour se pourrir la vie, et
provoquer des fermetures d'hébergements. Quand la
fréquentation réelle baisse de 20%, que le nombre
d'accueils commerçants augmente de 25% en deux ans,
et que les prix de certains s'envolent, la loi de
l'offre et de la demande fait le reste... Ce n'est
pas la vingtaine d'hébergements en libre participation,
souvent d'une dizaine de places (15 maximum), sur
les 800 lieux d'hébergements de la voie du Puy et
les 150 places disponibles en moyenne à chaque étape
de ladite voie, qui sont responsables du problème.
Si
l'on veut parler économie et commerce, aucun hébergement
de moins de vingt places n'est "rentable"
au sens strict; il ne peut être qu'un complément
de revenu. Quels que soient les arguments proposés
par ceux qui pensent vivre du chemin sans autre
source de revenu et avec 15-20 places, ces petits
hébergements seront mécaniquement contraints de
revoir leur copie; en cause la logique financière
d'une entreprise, qu'il y ait ou non dans le secteur
un accueil en libre participation.
Troisième
remarque, et non des moindres:
En
chambres d'hôtes, comme en gîtes, en France, le
prix est libre; si en tant qu'entreprise, je décide
de proposer à chacun de me régler le prix qu'il
veut, je suis dans la libre concurrence, et lorsque
mon entreprise paye ses charges et ses impôts comme
tous les autres commerçants, je ne vois pas où se
trouve le problème.
Ma
conclusion:
Sans
la démarche chrétienne, le chemin n’est plus ! Cette
démarche chrétienne n’est pas économique, mais spirituelle;
le témoignage de la porte ouverte au Christ qui
pèlerine est un témoignage de Foi qui s’affiche
clairement, et qui ne peut être remis en cause par
le simple fait économique; sauf à considérer que
la Foi est un moyen de gagner de l’argent, et je
laisse à ceux qui pensent cela leur entière liberté
de l’assumer.
Pour
autant, je reste à la disposition de ceux qui souhaitent
échanger sur ma réponse, mais pas à travers un déballage
polémique, mais de façon directe sur mon e-mail
que je laisse ci-dessous.
Amitiés
Jacquaires à toutes et tous.
Jean-Marc
Lucien, Hospitalité Chrétienne Pèlerins d’Emmaüs
à Saint-Privat-d'Allier jmlucien@accueilstprivat.com
-----------------------------------------------------------------------
retour
à Q.Pratique
retour
home
|