ACIR
Association de Coopération Interrégionale http://www.chemins-compostelle.com/Fichiers/01-Conseils%20pratiques.pdf
Les
motivations contemporaines
-
Les
motivations des cheminants d’aujourd’hui sont diverses
: identifiées à une croyance religieuse établie,
ou expression d’une quête spirituelle ou encore
besoin d’un ressourcement et d’échapper aux enfermements
sociaux.
-
Elles expriment aussi bien le désir d’un
autre rythme de vie, que la recherche de racines
communes ("mettre ses pas dans les pas de…"),
de liens et de rencontres, d’une construction identitaire,
ou encore une curiosité culturelle pour l’art et
l’histoire...
-
Mais quelle que soit la motivation
de départ, ces itinéraires demeurent une invitation
à l’effort et au dépassement des limites habituelles.
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Association Du Québec à Compostelle
http://www.duquebecacompostelle.org/questions.html
-
Faire le Chemin de Compostelle comporte une expérience
un peu magique. Il y a quelque chose de particulier
à prendre du temps, avec soi, pour sortir d'un contexte
de vie mené au rythme d'une société de consommatio,n
et revoir ses priorités dans la vie.
-
Non,
les vendeurs du temple ne sont pas à l'affût, ils
sont bien en vue, et proposent toutes sortes de distractions
que le pèlerin est libre de choisir ou pas. Mais
le contexte dans lequel cette marche s'effectue
facilite ces choix, puisque même ces vendeurs du
temple s'imposent le respect de la personne.
-
Il
est possible, pour ceux qui le désirent, de faire
le chemin dans un esprit de contemplation et de
méditation, de silence et de sérénité. Après quelques
heures de marche, il est étonnant de s'apercevoir
que, malgré la présence occasionnelle d'autres pèlerins
à proximité, il est possible d'être seul avec soi-même.
La douleur est un excellent catalyseur de la pensée
qui la ramène à "Soi". De plus, sur le
Chemin, la très grande majorité des lieux de culte
sont ouverts pour s'y recueillir.
-
Certes,
il y a des pèlerins qui reviennent déçus ou dé-illusionnés
de l'expérience. Probablement à cause des attentes
fixées avant le départ. Peut-être encore à cause
d'une mésaventure possible, quoique rare sur le
Chemin, comme une agression ou le vol; même si l'expérience
est spirituelle, elle est aussi physique.
-
Partez
à l'aventure ! Répondez à cet appel en vous abandonnant
à ce que le Chemin a en réserve pour vous. N'essayez
pas d'imaginer de quoi demain sera fait (vous le
savez déjà, vous marcherez...). Demeurez ouvert à
l'expérience nouvelle que les rencontres provoqueront
chez vous. Et jouissez de cette sérénité intérieure
qui se développera et se manifestera tout au long
du Chemin.
-
Le pèlerin trouvera plaisir à cheminer, à traverser un petit
village, à visiter un vieil édifice ou un monastère
du Moyen Age, à s'arrêter quelques minutes en chemin,
en pleine campagne, pour réfléchir sur les vestiges
ou sur un ermitage encore bien conservé, à se demander
comment les gens vivaient au 7è ou au 10è siècle...
Il verra, comme j'ai vu à Puente la Reina, comment
la population actuelle doit relever le défi de construire
par exemple un système d'aqueduc et d'égout dans
une ville construite au 10è ou au 12è siècle ! Où
il admirera simplement le paysage, emporté dans stes rêves et son émerveillement devant tant de beauté
sereine.
-
Le
dialogue avec soi-même est une activité majeure
sur la route de Compostelle.
-
Et
le soir, au refuge, le dialogue avec les autres
vient compléter cette marche spirituelle et humaine,
la concrétiser, lui donner son sens. "Comment
peux-tu dire que tu aimes Dieu que tu ne vois pas,
si tu n'aimes pas ton frère que tu vois ?"
et... "La foi sans les oeuvres est une foi
morte."
-
Il y aura certainement, sur le Camino,
des petites déceptions, des froissements avec d'autres
pèlerins... on reste soi-même, après tout ! Mais
de s'être préparé, de prendre du temps de réflexion
chaque soir et chaque jour, de peut-être s'arrêter
pour la messe du pèlerin chaque soir vers 7 heures...
tout cela replace les choses dans un contexte de
cheminement intérieur évolutif et créateur. Le creuset
de ces frottements et épreuves nous redonne "un
coeur nouveau".
-
Compostelle
nous permet de nous retrouver avec nous-mêmes. Sans
télévision le matin, sans radio, sans cellulaire
(j'espère; car il y a quelques pèlerins hi-tech,
surtout les Espagnols). On dialogue avec la nature,
les grands espaces... avec les amis aussi.
-
Il
faut faire confiance à la vie. Mais aussi avec une
certaine prudence, avec une certaine sagesse. Cheminer
seul en automne demande sans doute beaucoup d'autonomie,
... mais s'il y a peu de monde, il est plus prudent
de cheminer avec un autre pèlerin. Ça soutient le
moral également, au besoin, surtout s'il pleut !
Pourquoi
les gens font-ils ce pèlerinage?
-
Les
motifs sont multiples: recherche de soi et intériorisation,
désir de ressourcement, besoin de changement, pause
dans sa vie, démarche religieuse ou culturelle,
goût de l'aventure, exploit sportif. Toutes les
raisons sont bonnes !
-
Le
Chemin de Compostelle donne l'occasion d'avoir du
temps à soi et de revoir ses priorités dans la vie.
Il nous sort d'un contexte de vie menée au rythme
d'une société de consommation. Sans télévision ni
publicité, on dialogue avec la nature, les grands
espaces... avec de nouveaux amis si on le désire.
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Association Rhône-Alpes des Amis de Saint-Jacques
http://partir.amis-st-jacques.org/?page_id=79
Qui
rencontre-t-on sur les chemins de Compostelle ?
-
Qui rencontre-t-on sur les chemins de Compostelle
? Des jeunes et des vieux, des hommes et des
femmes, des étudiants et des retraités, ceux qui
ont pu consacrer un mois ou deux de leur vie à cette
aventure. Songez qu’il n’y a pas moins de
1600 Km à parcourir si l’on part du Puy-en-Velay,
900 seulement depuis le Somport. Et, tout
au long de ces kilomètres, toutes sortes de gens.
-
A première vue, d’abord des marcheurs. Mais
ces sportifs sont presque toujours plus que de simples
coureurs de chemins. Quand bien même d’ailleurs
ils seraient partis pour l’exploit, croyez que le
plus souvent ils arriveront en pèlerins. Doublons
cette catégorie par un ensemble de ‘pèlerins récidivistes”,
ils ne sont pas rares, qui se sont à l’occasion
d’un premier pèlerinage, découvert une vocation
de vagabonds et enchaînent Fatima, La Salette, Medjugorjé
et même Jérusalem à pied !
–
Il y a, à l’évidence, des “marcheurs de Dieu”, pour
lesquels ce périple est une sorte de retraite itinérante
comparable à celle qu’ils auraient pu faire dans
un monastère. Ils ne sont pas les plus nombreux,
mais tout pèlerin est un peu à la recherche du sacré.
Plus rares ceux qui suivent un chemin initiatique
tel qu’a pu en parler Louis Charpentier dans son
livre “Les Jacques ou le mystère de Compostelle”
(Laffont – j’ai lu 1971). Cet ouvrage enthousiasmera
les amateurs d’ésotérisme. Plus réalistes sont
ceux que l’on peut dire artistes, dont les appareils
photographiques toujours en éveil fixent pour toujours
les paysages rencontrés, et les fleurs du chemin,
et les merveilles architecturales. Comme il
est beau le portique de Conques !
-
Les “Européens” sont un peu tout cela.. Cependant,
souvent venus du nord lointain, jeunes pour la plupart,
ils se font une joie de découvrir l’Europe sans
frontière qui est à n’en pas douter celle de demain.
–
Et il y a les autres, ceux qui ne peuvent réellement
pas dire pourquoi ils sont partis. Ils sont
partis parce qu’il le fallait “comme à un rendez-vous
d’amour” C’est le secret que Lanza del Vasto nous
révèle dans son “Pèlerinage aux sources” (Denoël
1943)
-
Pour conclure, qui rencontre-t-on toujours sur ce
chemin ? Eh bien, comme dans les auberges espagnoles,
en Castille comme ailleurs, on ne rencontre que
ce qu’on y apporte, de désir de rencontrer l’autre,
et aussi de se trouver soi-même. C’est une
belle découverte de se regarder purifié de tous
les costumes que nous imposent la vie d’aujourd’hui,
et dont nous disions pour commencer qu’ils sont
autant de déguisements joyeusement portés.
-
Nous ne saurions conclure ce bref regard sur le
pèlerinage à Saint-Jacques sans parler de l’arrivée
à Compostelle. A l’évidence, c’est le chemin
par lui-même qui est le plus important de cette
aventure, mais l’arrivée peut en être le bouquet
comme dans un feu d’artifice, la fin du trajet de
la fusée s’épanouit en une gerbe de toutes les lumières
qu'elle contenait tout au long de sa trajectoire. Pour beaucoup, le moment clef est celui où
l’on met sa main sur le portique de Jessé, à la
place même où des millions de mains ont peu à peu
creusé une empreinte on ne peut plus humaine, celle
d’une main.. “J’ai posé mon sac, nous dit un pèlerin,
et je me suis assis dans l’ombre, par terre pour
pleurer tout mon soûl. Le temps alors ne comptait
plus, j’étais arrivé. Comme on met un drapeau sur
le pignon fraîchement achevé d’une maison en construction,
j’ai hissé à Dieu une prière de louange.
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Association Rhône-Alpes des Amis de Saint-Jacques
http://www.amis-st-jacques.org/pages/temoignage_002.php
La
dimension humaine et spirituelle du chemin. Le chemin,
qu'est-ce que c'est?
(Un
texte trouvé dans l'Eglise de Triacastela):
La
dimension humaine et spirituelle du chemin. Le chemin...
Qu’est-ce que c’est ?
Cela
va dépendre de celui qui l’entreprend : Pour
l’un, ce sera un parcours sportif. Pour un autre,
ce sera des vacances culturelles sur un itinéraire
balisé. Pour un autre encore, ce sera un moyen de
recherche spirituelle ou personnelle...La réponse
précise à une interrogation personnelle. Pour un
dernier, cela pourra être une recherche religieuse.
Une
chose est certaine, tout ce que l’on peut avoir
rêvé sur le Camino se révèle faux ou différent.
Le
" Camino " est lui-même vivant et dicte
sa loi. Il
va être le révélateur de votre " moi "
: Par
les rencontres de tous les frères du monde entier
que l’on côtoie sur le chemin ou dans les refuges.
Par
les limites que ton corps t’impose malgré toi.
Le
" Camino " t’oblige à faire la part de
ce que l’on dit et de ce que l’on peut faire. Il
va approfondir chez le croyant sa foi en Jésus et
dans les Saints, et lui donner une idée plus juste
de ses défauts et de ses vertus.
En
tout état de cause, le chemin est UNIVERSEL car
sacré. Il fait partie de la culture de l’humanité.
Pour
le prêtre que je suis, j’aimerais que les gens soient
plus vertueux. Qu’ils fassent moins de fautes à
tout propos. Que lorsqu’ils se trompent, ils apprennent
à se corriger. Qu’ils croient par amour et non par
crainte. Car si vous avez peur, vous ne pouvez pas
aimer. Que pour vous, la foi ne soit pas un fardeau,
mais une libération. Je souhaite que votre itinéraire
sur le chemin apporte dans votre vie toutes les
choses que vous cherchez. Que les signes, les marques
du " Camino ", restent pour vous les limites
dans votre vie de tous les jours.
Afin
que vous, les " Jacquets du Camino ",
travailliez à faire un monde meilleur.
Voilà
l’adresse si vous voulez écrire une carte postale.
Le prêtre :
Augusto
Losada Lopez
Parroco
de Triacastela - E
27630. Lugo. España
Courriel
: triacastela@yahoo.es
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André
Weill
andreweill@orange.fr
Zoreilles
du chemin Numéro 017 novembre 2011 - zoreilles@chemindecompostelle.com
Peut-être
l’as-tu remarqué, un cheminement commence souvent
avec des questions. Pourquoi quitter ? Pourquoi
partir ? Pourquoi le silence ? Pourquoi la solitude
? Pourquoi le chemin ? Pourquoi les balises ? Absolument
tous les pèlerins que j’ai rencontrés voyagent avec
ce type de questions. Mais on ne le devine pas toujours,
car ces questionnements sont souvent bien planqués,
bien enfouis tout au fond de leur besace. En fait,
beaucoup espèrent trouver des réponses au terme
de leur parcours.
Et
toi, pourquoi voudrais-tu partir ? Toi qui lis ces
lignes, toi qui vas marcher le long des balises
de Compostelle, je t'avertis. Tu ne trouveras chemin
faisant que des réponses partielles et insatisfaisantes.
Que des réponses qui varient aux grés et aux humeurs
du temps et des rencontres. Car, forcément, les
espaces dans lesquels s’écrivent les mots sont trop
étriqués et trop rigides pour contenir les vraies
questions. Celles qui émergent dès le commencement.
Celles qui viennent de la vie ! Celles qui s’adressent
à l’âme ! Celles qui nous font grandir !
Si
tant d’hommes et de femmes de toutes nationalités,
de cultures et d’origines diverses, ont un jour
décidé de fermer la télé et les SMS, c’est moins
par besoin que par fidélité. Si tant d’hommes et
de femmes cheminent si lentement depuis si longtemps,
de manière si anachronique et sans raison raisonnable,
au coeur de paysages grandioses, sur des chemins
lourds d’histoires et de mystères, c’est que les
statues, les bas reliefs, et les petites chapelles
romanes sont plus aptes que tous discours à fissurer
leur coeur de pierre.
C’est
que les mystères et les légendes des pays traversés
sont plus porteurs de Vie que toutes les vérités
qui leur ont été enseignées.C’est que les odeurs
de fraternité et de terre mouillée s’offrent à tout
un chacun engagé dans la simplicité du chemin. C’est
que les arbres et les fontaines du Camino offrent
gratuitement la simplicité de leur sagesse à celui
qui prend le risque d'y déposer son sac.
C’est
pour ne pas oublier que le silence ne se prend,
ni ne s’achète. Car le silence n’est pas une réponse
à nos questions. Le silence n’est pas une question
non plus. Le silence Est, un point c’est tout. C’est
un cadeau, un don gratuit à celui qui écoute. Comme
sont données gratuitement les premières lueurs,
celles qui précèdent le lever du soleil. Comme sont
donnés la pluie, le soleil et le grand vent. Comme
sont données les rencontres et les paroles d'éternités.
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Jacques
Clouteau
livre
"Compostelle mode d'emploi"
Zoreilles
du chemin Numéro 017 novembre 2011 - zoreilles@chemindecompostelle.com
Le
pèlerinage vers Compostelle, aujourd'hui comme hier,
est une formidable claque à l'ordre établi et aux
valeurs casanières. C'est la preuve vivante que
le bonheur est bien autre chose que l'accumulation
d'objets matériels.Car souvent le pèlerin, qui ne
possède presque rien quand il est en chemin, semble
plus heureux que ses compatriotes sédentaires.
Le
pèlerinage, c'est aussi la tolérance vécue chaque
jour. C'est accepter comme une évidence que les
autres aient d'autres modes de vie que soi, d'autres
valeurs, d'autres repères. Et diminuer d'autant
notre certitude d'être le centre du monde.
Le
pèlerinage, pour la plupart, c'est la croyance que
le monde visible qui impressionne nos sens
est doublé par un autre monde, invisible, empli
de mystère, auquel ont déjà accédé ceux qui ont
quitté cette Terre avant nous.
Le
pèlerinage, c'est du cristal de bonheur à l'état
pur. C'est le départ au petit matin, durant des
semaines, avec chaque jour des difficultés à vaincre
: le mal au dos, la pluie, le cagnard, le confort
spartiate. C'est prendre ces difficultés, les écraser,
les malaxer, et en retirer un joli bol de bonheur
de vivre, dont le contenu est si grand qu'on peut
en distribuer largement autour de soi.
Beaucoup
se posent la question du lien entre le Chemin de
Compostelle et la religion. Mais là encore ce ne
sont que des mots. Le lien, il est en chacun d'entre
nous. Chacun exprime sa croyance, sa joie, son espoir,
sa foi, selon le silence ou le rite qui lui convient
le mieux, et en respectant le rite des autres.
Sachons
toujours garder cette humilité et cette joie qui
doivent être le lot des pèlerins. Ni course à l'occident,
ni musée en plein air, le chemin de Compostelle
est avant tout le parcours vers soi-même, puis,
conséquence immédiate, le parcours vers les autres.
Sur
le Chemin, restons conscients que rien ne nous est
dû ! Au contraire, c'est à nous d'apporter une petite
pierre, comme à la Cruz de Ferro. En prenant le
départ, il faut savoir qu'il y aura des choses difficiles
à vivre, et les accepter à l'avance comme faisant
partie du cheminement. Dormir sur une botte de paille,
se laver à l'eau froide, n'a encore jamais tué personne,
que diantre...
En
revenant du Chemin, n'en tirons nulle gloire, et
mettons en avant les plus belles choses en oubliant
les avanies qui ne sont que des accidents fortuits.
Ne critiquons pas stérilement la façon dont tel
hébergement a mal fonctionné, ou dont tel règlement
a été idiotement appliqué. Le plus important est
d'être arrivé au terme du Voyage, après des dizaines
de levers de soleil, et des milliers d'heures de
lumière et de liberté. Sachons témoigner avec objectivité
de ce beau moment que nous venons de vivre, et donnons
aux futurs pèlerins les clés pour qu'à leur tour
ils partent chercher le bonheur.
Le
but de ce livre est justement de témoigner, de démystifier,
de triturer chaque question que peut se poser le
futur pèlerin, d'y répondre, mais sans aller trop
loin dans la réponse, car il faut laisser au chemin
sa part de mystère et d'imprévu. Lorsque l'impétrant
arrivera à la dernière page, il doit simplement
se dire: "J'y vais, je pars... ". A partir
de ce moment, il aura des jours et des jours pour
trouver lui-même les questions, les réponses, et
quelquefois les deux...
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André
(Hospitalet)
Camino
n° 117 Mai 2012
Pèlerin
de Saint Jacques et l’état de pèlerin de Saint Jacques
On
est pèlerin de Saint Jacques visiblement :
-
On porte une coquille sur son sac à dos.
-
On a demandé un crédential ou une créanciale (lisez
les textes figurant sur les crédantials ou créanciales,
ce n'est pas rien), et on le fait tamponner à chaque
étape.
-
Ce sont des signes forts d'un engagement, d'un choix
de l'identité de pèlerin.
Etre
pèlerin de Saint Jacques c'est aussi un état intérieur
:
-
On accède à cet état intérieur en le désirant.
-
Ce désir s'exprime chaque jour dans les actes simples
qui rythment la journée du pèlerin et qui correspondent
à un "lâcher prise".
-
Dans les rencontres avec les autres, le partage.
-
Dans l’ouverture du coeur, la simplicité.
-
Dans le vivre avec peu, seulement le contenu de
son sac à dos, l’humilité.
-
Dans la prière, la contemplation de la nature, l’intériorité.
-
Le chemin de Saint Jacques, c’est en fait deux chemins.
Un extérieur et visible en marchant chaque jour
vers Compostelle. L’autre intérieur et invisible.
-
Ces deux chemins doivent être faits en même temps
et en harmonie l’un par rapport à l’autre pour approcher
l’état de pèlerin, en tirer tous les profits pour
soi-même et pour les autres. En
sachant d'avance que cet état de pèlerin dans la
perfection, on ne l'atteindra jamais dans ce monde.
Pèlerin,
au retour, un autre chemin commence :
-
A la maison, au bureau, à l'usine, à la ferme, dans
ta paroisse, dans une association humanitaire, avec
une nouvelle
façon plus lumineuse, plus paisible, plus fraternelle,
de vivre le quotidien.
-
Dans un engagement au service de ceux qui souffrent.
-
Ce que tu as reçu pendant ton chemin au travers
d'attentions, d'actes d'amour discrets, redonne-le
de la même façon et témoigne de ce que tu as vécu.
-
Ta vie peut alors devenir un pèlerinage permanent
où tu mettras en pratique concrètement ce que tu
as acquis sur le chemin de Saint Jacques, et c'est
là seulement que tu t'approcheras le plus de l'état
de pèlerin.
-
De pèlerin sur le chemin de Saint Jacques, tu seras
alors pèlerin sur la terre, dans l'attente du dernier
et grand pèlerinage pour lequel tu partiras avec
uniquement tes actes d'amour dans ton sac à dos.
André
Gîte
Pèlerin Hospitalet Saint Jacques - Aire
sur l’Adour
http://www.saintjacques-hospitalet.fr
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Partir
pour St-Jacques en 2011
http://www.webcompostella.com/Partir-pour-St-Jacques-en-2011-Quel-budget-pour-quel-Chemin_a584.html
S'il
existe quelques inconditionnels de la randonnée
pure et dure qui se lancent sur le GR65 comme sur
le GR10 ou le GR20 en Corse, l'essentiel des marcheurs
s'engagent dans cette aventure simplement parce
qu'ils en ont ressenti, à un instant donné, le besoin,
l'envie ou l'appel.
Alors
ils partent, sans chercher vraiment à comprendre...Et
c'est pour eux que je souhaite écrire ces quelques
conseils d'un pèlerin en marche sur son propre chemin
des étoiles...
Deux
approches différentes de la démarche pèlerine
Il
existe deux manières d'aborder la préparation de
son futur chemin vers St-Jacques. Les aspects financiers
et pratiques, (coût, matériel à emporter...), et
les motivations plus profondes qui vont orienter
la manière d'aborder la démarche pèlerine (choix
du lieu de départ, type d'hébergement, chemin balisé
ou marche libre...)
Comme
me le disait Nicole récemment sur un de nos blog
:
"
Ce que j'ai retenu pour mon prochain chemin, c'est
que je suivrai mon instinct , le nez au vent avec
ma boussole et ma carte Michelin .. "
Les
deux éléments ne vont pas l'un sans l'autre, mais
tout peut dépendre de ce que l'on veut prioriser
dans son approche personnelle.
En
ce qui me concerne, il me semble que le choix de
partir sur le chemin de St-Jacques, plutôt que sur
le GR20 ou dans les Pyrénées, implique une volonté
d'intégrer une démarche "pèlerine" au
sens le plus large possible, mais symptomatique
d'un état d'esprit qui doit servir de socle à toute
la préparation de son chemin.
Un
chemin d'aventure et de liberté ?
Partir
de chez soi serait un idéal, bien difficile pourtant
à réaliser pour beaucoup, alors le choix se porte
tout naturellement pour une des voies historiques,
comme celle du Puy en Velay. Peu importe finalement,
l'essentiel sera de se vêtir d'un coeur de pèlerin
!
"Péleriner",
ce sera d'abord faire le choix de la confiance,
se laissant porter par le chemin lui-même, par les
rencontres, les sourires, les lieux, les joies ET
les peines...
Ce
sera donc la liberté que donne la non-réservation,
laissant à la Providence le soin d'offrir ce dont
on a besoin à l'instant pour continuer à avancer.
Au
fond de soi, ne vient-on pas chercher sur ce chemin
une approche de la vie différente de celle, cloisonnée,
structurée, garantie que l'on nous impose chaque
jour dans notre société consumériste et sur-protégée
?
C'est
le moment de s'ouvrir aux autres, de laisser cette
liberté grandir et respirer au rythme de nos pas
insouciants...!
Ce
sera aussi la liberté de cheminer comme bon nous
semble, sur le chemin balisé du GR65 (balisé comme
nos vies et nos habitudes ?), mais aussi sur nos
propres choix de chemin, détours ou raccourcis,
comme il nous apparaîtra bon de le faire...!
Bon
pour l'esprit, bon pour le coeur, et aussi (j'y
reviendrai plus bas) bon pour le portefeuille !
Un
chemin de verticalité ... !
Chacun
fera son propre chemin, et il n'en sera pas deux
pareils ! Chacun trouvera peut-être ce qu'il est
venu chercher, mais plus sûrement (comme nous le
disons souvent) ce qu'il n'attendait pas.
Partir
en randonneur, arriver en pèlerin, peut-être...!
En tout cas, au bout de son chemin, qui sera St-Jacques
de Compostelle ou ailleurs, ou avant, ou plus loin,
qui le sait, le cheminant y aura laissé beaucoup
d'une vieille peau dont il n'a que faire, pour revêtir
un habit de lumière fait de joie, d'amour de l'autre,
son frère, et probablement de l'Autre qu'il aura
croisé à un moment ou à un autre, au détour d'un
village ou d'un accueil.
EN
RÉSUMÉ : ENVIE OU BESOIN DE PARTIR, FAITES-LE, AVEC
CONFIANCE ET SÉRENITÉ, CAR SEUL LE PREMIER PAS EST
DIFFICILE... LE RESTE VOUS SERA DONNÉ SI VOTRE COEUR
EST OUVERT !
Le
chemin sera finalement ce que les pèlerins en feront,
répondant librement à la tendre sollicitude de Celui
qui est "le Chemin, la Vérité, la Vie".
Luc
de Raal
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Pourquoi
prendre le chemin ?
Franck
Besombes
Camino
n° 125 Janvier 2013
Je
pense qu’il y a de multiples raisons à cela, qui
ne tiennent ni à l’âge ni à la condition sociale,
et encore moins à la croyance. Il vient un temps,
je crois, où l’on a besoin de s’asseoir sur le bord
du chemin et de chausser ses chaussures de patience.
Il n’est pas nécessaire, ni utile, de prendre un
chemin dans la précipitation. L’impatience, la volonté
ou le désir de tout savoir, de tout acquérir: connaissance,
réponses, sagesse… sont futilité. Cependant, il
faut se soumettre à son intuition que le temps est
venu de faire le point.
-
Certains partent avec tout ce qu’il faut pour marcher
vite, faire le plus de km possible en un minimum
de temps possible. C’est une approche qui en vaut
une autre, mais qui satisfait l’ego et le côté exploit,
qui a sa valeur, mais ne touche que les muscles
et le cerveau, et non l’âme elle-même. Encore n’en
suis-je pas aussi certain.
-
Mais la recherche personnelle est plus liée à la
volonté de retrouver la santé pour quelqu’un, l’amour
pour soi-même,
comme ces docteurs africains qui peuvent ramener
à la maison l’amour de sa vie; elle est assimilable
à l’apaisement de l’ego.
-
D’autres encore, en rupture la plupart du
temps avec leur famille pour cause de séparation,
de divorce, de rejet, recherchent des
relations basées sur les mêmes valeurs d’essentiel:
le boire, le dormir, le manger, le parler. Je pense
que ces nécessités sont dans l’ordre. Ils
ont besoin d’un contact fondé sur des
valeurs communes à tous. Loin du paraître,
ils cherchent l’être chez l’autre, mais aussi
en eux-mêmes. Ils souhaitent s’écarter du paraître
pour aller chaleureusement et fraternellement vers
les autres, et les accueillir de la même façon.
C’est aussi peut-être une façon terrible de cacher
une solitude morale douloureuse.
-
Il y a aussi ceux qui tentent de regarder enfin
les cicatrices que la vie n’aura pas manquer de
leur laisser. Ils sont plus sereins, calmes. Ils
voient le paysage autour d’eux, se sentent plus
allégés aussi, et constatent aussi que les souffrances
passées sont guéries, que les plaies sont refermées,
aussi profondes soient elles.
-
Enfin, ceux qui ont une recherche spirituelle sont
plus complexes à saisir. J’ai pu voir des livres
d’or remplis de paragraphes sur des vrais pèlerins.
"Un vrai pèlerin" qui avait accompli jusqu’à
15 fois le chemin, alors que d’autres ne l’avaient
fait qu’une fois.
Que
peut donc être cette recherche spirituelle, si importante
pour qu’elle puisse appeler n’importe qui à prendre
ses godillots et son bâton pour aller à Saint-Jacques
? Celui qui a fait 15 fois le chemin est-il devenu
plus sage pour autant, ou n’est il qu’un collectionneur
de compostelas ? Une fois suffit-elle à devenir
plus sage ? Il est des livres que l’on redécouvre
après les avoir lus des années auparavant. Il en
est de même des chemins, du même chemin que l’on
reprend. Il faut parfois changer de périodes pendant
l’année pour que la couleur du feuillage change,
et que les émotions soient différentes. Il m’est
arrivé parfois de rester béat devant un paysage
comme un gloria qui montait du plus profond de moi-même,
et de me dire que j’avais une chance inouïe de me
trouver là. Il y a aussi l’impression que quelqu’un
d’autre marche auprès de moi, ou que des présences
se font sentir. Les pas, la sueur, la souffrance,
mais aussi la joie, l’allégresse, de ces millions
de pèlerins qui sont passés avant, doivent imprégner
chaque pierre du sentier. C’est alors que l’on ne
prend pas le chemin, mais que le chemin nous prend.
En mai dernier, un prêtre qui officiait lors de
la messe des pèlerins à St-Jacques se demandait
pourquoi hommes et femmes prenaient le chemin, pourquoi
ils avaient décidé de quitter leur foyer,
leurs amis, leur confort pour connaître
la souffrance, la soif, la solitude dans l'effort.
Il disait que c'était pour rencontrer Maître Jacques,
et "al final dal final", rencontrer Dieu
et soi-même.
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Fontainebleau
- Compostelle
: un pèlerinage d’action de grâce
Marcel
PIEUCHOT - Ar Jakes n 72
Préambule
: mon pélerinage
Ne
voulant pas répéter dans cet article des informations
mentionnées sur le site editions-de-lapieuchotiere.com,
je me bornerai à dire que, mon épouse étant décédée
brutalement avant que nous n’ayons pu entreprendre
un pèlerinage d’action de grâce pour les cinquante
ans de bonheur que nous avions vécu, j’ai décidé
de réaliser notre pèlerinage avec… son ombre. C’est
ainsi que j’ai réalisé le parcours Fontainebleau-Vézelay-Paray
le Monial-Le Puy-Hendaye-Compostelle: 2286 km entre
février et mai 2013.
Que
représente pour vous le fait d’aller à Compostelle
?
Partir
en pèlerinage, c’est accepter de faire un effort
physique, c’est accepter de pouvoir souffrir de
conditions de vie plus spartiates, mais généralement…
dans un but d’offrande. Et c’est ici que peut intervenir
le sens du religieux, car c’est au dieu de son choix
que cette offrande sera faite.
Le
chrétien offrira son effort à Dieu: en action de
grâce pour ce qu’il a reçu, en expiation pour le
mal qu’il estime avoir fait, pour honorer une promesse
qu’il a faite ou le voeu qu’on lui aura demandé
de matérialiser..., ou pour toute autre raison.
L’adepte d’une autre religion aura vraisemblablement
la même démarche. Pour un autre Dieu, ou, pour les
bouddhistes par exemple, pour tenter l’approche
du nirvâna.
Une
démarche seulement spirituelle (areligieuse) impliquera
peut-être une recherche momentanée de vie moins
trépidante, un retour à plus de nature ou de naturel.
Épicure parlait de renoncer aux biens ni naturels
ni nécessaires, en évoquant pouvoir, gloire
et argent, notamment. C’est encore une "mortification",
un voeu temporaire de pauvreté. L’esprit du pèlerin.
Mais
qu’est-ce que l’effort ? Sa rudesse est différente,
là encore, pour chacun, et il nous est interdit
de juger. Parcourir dix kilomètres dans une journée
peut présenter une grosse difficulté; tout comme
envisager sereinement de coucher dans un lit
métallique à étage, entouré de ronfleurs ne sachant
même pas ronfler à l’unisson !
Ma
démarche a évidemment été chrétienne, et j’ai
obligatoirement été "porté" tout au long
de ce Chemin, parcouru en fin d’hiver, à 74 ans,
pour qu’il ne me soit absolument rien arrivé d’autre
qu’un bonheur permanent, qu’une joie sans égal,
quelles que soient neige, pluie et boue rencontrées.
La
rencontre de l’autre, l’acceptation des différences
Car
le Chemin est richesse. Indicible. Ineffable. Chaque
jour qui passe, sans exception, apporte son lot
de félicité. C’est Untel que vous rencontrez, avec
lequel vous parlez dans un anglais approximatif.
Il arrive même à ce sujet que plusieurs langues
soient utilisées dans une même phrase. Tout le monde
rit. Et merveilleusement… tous se comprennent.
L’âge
n’existe plus; j’ai cité dans mon ouvrage l’exemple
de ces trois jeunes qui vérifiaient très discrètement
que je suivais sans trop de difficultés dans les
cinquante centimètres de neige du plateau de l’Aubrac.
Ils ne m’attendaient pas bien sûr… ils étaient théoriquement
fatigués… à 25 ans ! Tu parles !
On
attribue au Dalaï Lama les paroles suivantes: "Tout
ce qui te remplit de compassion, te rend plus sensible,
plus détaché, plus aimable, plus humain, plus responsable,
plus respectueux de l’éthique". Est-il nécessaire
d’ajouter quoi que ce soit en commentaire ?
Chaque
instant est béni, car la rencontre que l’on fait
ou celle que l’on fera sont et seront enrichissement
personnel. Quelle que soit la saison, toutes les
nationalités, toutes les catégories professionnelles,
toutes les conditions
physiques, tous les âges sont représentés. Si elles
sont de vrais chemineaux, toutes les personnes financièrement
aisées redeviennent simples et abandonnent leur
statut. J’ai ainsi rencontré un grand professeur
d’université, mais n’ai appris son niveau social
que plusieurs jours plus tard.
Il
arrive bien sûr que l’on souffre physiquement. Mais
qu’est cette souffrance quand celui qui marche à
côté de moi vient d’être abandonné par sa compagne,
et qu’il ne peut cacher son désespoir que par des
attitudes en faux semblant ? Quelle raison a cet
homme pour s’ouvrir ainsi à mi-mots ? Comment ne
pas le "casser" davantage ? Comment le
faire s’interroger sur les raisons d’un tel départ
? N’est pas Freud qui veut, et seule l’écoute et
la charité sont ici nos guides.
L’écoute…
cela semble si facile d’écouter. C’est un des miracles
qu’observe tout pèlerin: sa capacité d’écoute augmente
avec le chemin parcouru. L’empathie devient naturelle,
car on n’est plus obsédé par le temps qui passe.
Et le Chemin devient partage. "Nos défauts
devraient nous donner une qualité: l'indulgence
pour les défauts des autres", écrivait Rivarol.
Un commentaire est-il nécessaire ?
Impossible
de terminer ce court article sans me référer à Claude
Bernier qui a si bien décrit en une phrase tout
l’esprit du pèlerin: "Être un simple pèlerin
parmi tant d’autres, réceptif à la nature, ouvert
aux autres, sensible à la pluie qui tombe, au chant
des oiseaux, aux ruisseaux qui coulent, être attentif
à celui qui nous adresse la parole; partager son
pain avec celui qui a faim, offrir un verre de vin
à celui qui s’assoit devant vous". Quel beau
programme !
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Le
temps partagé
Jean
Luc TUAL, un pèlerin "inachevé"
Bretagne
- Ar Jakes n° 71
Oui,
voilà pour moi le maître mot sur le chemin: partage.
Dans
notre société, où l'individualisme est exacerbé,
l'égoïsme quasiment encouragé, passer un temps à
partager me paraissait un projet enthousiasmant.
Sur le Chemin, on apprécie vite la légèreté de l’être
et l’inanité de l’avoir.
Être,
c’est vivre l’instant, savoir apprécier chaque moment
de découverte d’une nature magnifique, d’un autre
tout aussi magnifique avec qui pouvoir échanger
- une parole, un sourire, un regard. De nos jours,
tout le monde est connecté, mais personne ne converse
plus avec un autre, tout au plus par SMS ou tchat.
En dépit de la lourdeur du sac - que l’on s’empresse
d'alléger au fil des kilomètres - le chemin, qui
est fatigant, épuisant, harassant, rend malgré tout
plus léger, car sur le Chemin, on se débarrasse
de ses scories, on lâche les soucis, on laisse tomber
les simulacres.
L’avoir,
c’est la démonstration de son statut social, du
niveau de fortune: sur le chemin, tout cela est
définitivement banni par le tutoiement, et surtout
par le fait que tout le monde endure les mêmes souffrances
et savoure les mêmes plaisirs: le partage.
Le
Chemin est rassurant, car il est bien balisé, à
l’inverse de la vie moderne qui a perdu tous ses
repères, toutes ses valeurs: respect de soi-même,
respect de l’autre (sur le chemin, le salut existe
encore, et la solidarité est naturelle), respect
de la nature, notion d’effort, qu’il soit physique
ou moral (dommage, car l’effort rend humble et tolérant).
Et
pourtant, paradoxe, c’est le même chemin qui nous
met en danger; mais quelle liberté. Avec la technologie
qui nous entoure, nous sommes surprotégés - le principe
de précaution est partout. Google souhaiterait même
parvenir à "l’homme augmenté, qui échapperait
aux fléaux de sa condition: maladie, handicap,
mort". Quel rêve, en fait quel cauchemar !!!
En
plus de cette notion de partage omniprésent, chacun
a, au départ (ou découvre en chemin), une motivation
à la poursuite de son pèlerinage - le mien a été
"inachevé" (mon emploi du temps ne m’a
pas permis de me libérer plus d’un mois) - mais
est-il jamais achevé ?
-----------------------------------------------
Christiane
François christiane.francois6@orange.fr
Zoreilles
49 (JAN 2015)
Et
tant pis, si sur le chemin on rencontre...
-
des ronchons, des grognons, des râleurs,
-
des radins, pour qui le donativo même est trop cher,
-
des "pas-gênés", qui reviennent, tout
propres, des douches, et, soulagés, des toilettes,
mais ont laissé derrière eux du travail à ceux qui
les accueillent
-
des ronfleurs, type tracteurs, karchers, tondeuses,
qui travaillent la nuit dans les dortoirs
-
et, - honte à eux - des faucheurs de chaussures,
de bâtons, ou des voleurs matinaux du pain, du paquet
de beurre
et de la boîte de sucre du petit déjeuner.
-
des épiciers, bienvenus malgré tout dans des villages
moribonds, qui vendent la boîte de thon au prix
du caviar, et l'eau minérale à celui d'un vin correct,
-
même si le pain frais date d'hier dans le dépôt
de pain qu'on espère, le ventre vide, depuis des
heures,
-
même s'il faut parfois se faire mince comme une
limande pour passer entre les lits, et ne pas voir
dessous les mimis de poussière et les mouches mortes,
-
même si l'on doit inventer un langage, se comprendre
avec les yeux et parler avec les mains, car nos
mots ne disent rien à l'étranger qui nous questionne,
-
même s'il faut avancer vaille que vaille dans la
pluie et le vent ou transpirer sous le soleil,
-
même si, quelquefois, les articulations, le dos,
les jambes, les épaules, les ampoules, tour à tour
clignotent,
Si
ma carcasse, aujourd'hui enchaînée, accepte de se
dénouer, je repartirai dans l'allégresse, le printemps
prochain:
-
pour la fraternité exceptionnelle vécue dans un
espace-temps sans pareil
-
pour m'enivrer de liberté, de traversées et de rencontres
-
pour bénir l'hospitalier qui a ouvert le gîte plus
tôt car il pleut, qui offre une boisson chaude,
un sèche-linge, et un tas de vieux journaux pour
bourrer les chaussures
-
pour les tablées de bonne humeur, aligot, boeuf
en daube, ou lentilles du soir
-
pour ces gestes infimes tout au long des kilomètres,
ces échanges de pansements, de gouttes miraculeuses,
d'encouragements, de sourires
-
pour le miracle des chapelles romanes et leurs sculptures
naïves, pour la mise au tombeau de Moissac, pour
les paysages vides de l'Aubrac ou de la Meseta, comme
des appels au mysticisme
-
pour l'inattendu, l'inespéré, et toujours l'envie
de vivre ce que le lendemain nous réserve....
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Grande
randonnée ou pèlerinage
Pierre
Swalus - pierre.swalus arobase verscompostelle.be
Un
ami me parlant de la relation faite par un pèlerin
de son pèlerinage, et de ce qu’il y avait trouvé
pour lui-même, me disait qu’en l’écoutant, il avait
été déçu du peu de lien fait avec Compostelle, et
qu’il avait pensé que ce pèlerin aurait pu trouver
la même chose en marchant sur un GR… Cette remarque
m’a amené à réfléchir à ce qui différenciait le
GR du chemin de pèlerinage, ou autrement dit: en
quoi le pèlerinage se différencie-t-il d’une randonnée
?
Je
devrais pouvoir trouver des réponses à cette question
puisque avant d’être des pèlerins, nous avions été,
ma femme et moi, des randonneurs, et qu’entre nos
pèlerinages, nous avions continué à randonner (nous
avons été 7 fois à Compostelle, et avons d’autre
part fait 26 randonnées). La première fois que cette
question nous fut posée, c’était en 1990 lors de
notre premier pèlerinage, et nous entendions de la
bouche d’un pèlerin allemand que nous rencontrions
régulièrement, dire : « Nous avons plus beau en
Allemagne… Ce n’était pas la peine de venir si loin
! Trop de marche sur les routes. »
Dans
son journal, Simonne (mon épouse) écrivait le soir:
« Il m’a fait toucher du doigt toute la différence
qu’il peut y avoir entre le chemin d’un GR et celui
d’un pèlerinage. Lors du pèlerinage, nous accomplissons
le chemin comme une tranche de vie où l’on prend
tout: le bon, le moins bon, le beau, le quelconque.
On ne sélectionne pas. Il pleut, la route est mauvaise,
il fait trop chaud. On continue, on ne prend pas
le bus pour autant ! On accomplit le chemin quel
qu’il soit. On l’accepte et on le fait jusqu’au
bout (si c’est possible !)… /… si le trajet a été
beau et merveilleux, tant mieux. C’est une joie
supplémentaire, c’est comme un cadeau. Sur le GR
nous cherchons le beau, le pittoresque. Si le chemin
devient trop quelconque on va voir ailleurs, s’il
pleut trop longtemps, on peut arrêter… ».
Ceci
me semble déjà une réponse, mais on peut réfléchir
plus avant. On pourrait se demander si un pèlerinage
ne se distingue pas par le fait que, d’une part,
on marche sur un chemin de pèlerinage, et que d’autre
part on y côtoie de nombreux autres pèlerins. Notre
expérience nous dit que cela n’est pas suffisant
comme distinction: lorsque nous sommes partis de
chez nous en Belgique pour rejoindre la première
fois Vézelay, puis Le Puy, ensuite Montpellier,
et enfin Tours, nous n’avons pas suivi un chemin
de pèlerinage tracé, nous avons établi notre propre
itinéraire, et nous n’y avons rencontré aucun autre
pèlerin… et sur notre premier chemin (en 1990),
nous avons dû attendre la montée vers Roncevaux
pour rencontrer les premiers pèlerins. Et cependant,
pour nous, nous étions à notre 60ème jour de pèlerinage
! Bien que les rencontres avec d’autres pèlerins
soient une des richesses apportées par le pèlerinage,
ce ne sont pas elles qui définissent le pèlerinage,
pas plus d’ailleurs que le chemin suivi.
Ce
dernier point est encore confirmé pour nous par
le fait que nous avons marché sur les mêmes itinéraires
en pèlerins et en randonneurs. En 1994, nous avons
pérégriné jusqu’à Compostelle en empruntant en France
le chemin passant par le Puy-en-Velay, et en 1997,
nous avons randonné du Puy à Cahors. Qu’est-ce qui
distinguait ces deux marches ? D’abord, le fait
que lors de notre pèlerinage, si nous suivions en
gros les villes-étapes du GR, nous abandonnions
allègrement le GR lorsque des chemins de traverse
étaient plus directs, tandis que lors de notre randonnée,
nous avons suivi en totalité les 325 km du sentier
balisé. Ensuite, par le fait que nous n’étions pas
dans les mêmes dispositions d’esprit: dans le premier
cas, nous étions des pèlerins, et dans le second,
nous étions des randonneurs !
Il
nous semble donc clair que ce qui distingue une
« randonnée sur un GR » d’un « pèlerinage », c’est
avant tout l’état d’esprit de celui qui se met en
marche. Comme le disent J. CHÉLINI & H. BRANTHOMME
« Le pèlerinage fonctionne comme la manifestation
matérielle d’un itinéraire spirituel… /… Le pèlerin
s’engage totalement, physiquement et spirituellement…
». C’est parce que le marcheur s’engage dans une
démarche spirituelle, d’ouverture, de questionnement,
d’écoute, de recherche, de lâcher-prise, « qu’il
entre dans la grande famille des pèlerins, et que
son chemin devient un chemin de pèlerinage ».
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