Pèlerin
à Assise - Rivo Torto (Desbonnets)
RIVO
TORTO
Où
était exactement situé ce lieu, inséparable des émouvants
souvenirs des commencements de l'Ordre franciscain ?
On ne le saura sans doute jamais. Le sanctuaire qui
porte aujourd'hui ce nom date du XIXe siècle. Les cabanes
de pierre qu'on y montre ne sont qu'imaginaire
reconstruction (1926). Le paysage a beaucoup changé,
les bois ont disparu, ii ne reste d'authentique que
le petit ruisseau qui serpente (rivo torto) à travers
la plaine, et dans l'eau duquel, ici ou un peu plus
haut, les premiers frères se sont lavé les pieds. Cela
nous suffira pour évoquer la première fraternité réunie
autour de François.
-
Une cabane bien étroite -
Les
douze premiers franciscains étaient partis à Rome et
y avaient obtenu du pape la confirmation de leur genre
de vie (printemps 1209). Au retour, ils s'installèrent
à Rivo-Torto, où François avait déjà séjourné auparavant.
"L'heureux
père et ses fils demeuraient encore dans un lieu-dit
Rivo-Torto, près d'Assise, où se trouvait une cabane
abandonnée de tous. Cette cabane était si petite qu'ils
avaient à peine la place de s'y asseoir ou d'y dormir.
Le pain y manquait très souvent ..." (Légende des
Trois Compagnons 55)
-
Pénitence et discrétion -
Un
épisode de la vie de la petite fraternité de Rivo-Torto
fait remarquablement apparaître la discrétion et
la délicatesse de François.
"...
Le bienheureux François dit aux autres frères: Mes frères,
je vous le dis, que chacun tienne compte de son tempérament.
Si l'un de vous peut se soutenir avec moins de nourriture
qu'un autre, je ne veux pas que celui qui a besoin de
manger davantage s'efforce d'imiter le premier. Que
chacun tienne compte de son tempérament et donne à son
corps ce qui lui est nécessaire. Si, dans le manger
et le boire, nous sommes tenus de nous interdire le
superflu qui nuit au corps et à l'âme, nous devons nous
interdire plus encore une mortification excessive, car
Dieu veut la miséricorde et non le sacrifice."
(Légende de Pérouse 1)
-
Frère Gilles -
C'est
à Rivo-Torto que Gilles qui fut le troisième frère admis
dans l'Ordre, vint rejoindre François.
"Dans
les commencements de l'Ordre, quand le bienheureux demeurait
à Rivo-Torto avec les deux seuls frères qu'il eût alors,
un homme, qui devait être le troisième frère, quitta
le siècle pour partager leur vie. Il demeurait là depuis
quelques jours, vêtu des habits qu'il avait apportés
avec lui, quand un pauvre se présenta pour demander
l'aumône au bienheureux François. Le saint dit à celui
qui devait être le troisième frère: Donne ton manteau
au frère pauvre. » Aussitôt, avec joie, celui-ci s'en
dépouilla et le donna au pauvre. Et l'on vit bien qu'en
cette circonstance le Seigneur lui avait mis au coeur
une grâce nouvelle, puisqu'il avait donné son manteau
avec joie." (Légende de Pérouse
55)
-
Frère "mouche" -
Tous
ceux qui étaient attirés par le mode de vie de la fraternité
naissante n'étaient pas mus pal le désir d'une véritable
conversion. La Légende de Pérouse nous a gardé le souvenir
d'un robuste fainéant qu'il fallut éliminer.
"...
Dans les commencements de l'Ordre, quand les frères
demeuraient à Rivo-Torto, il y en avait un qui priait
peu et ne travaillait pas, qui n'allait jamais, car
il avait honte, demander l'aumône, mais qui mangeait
bien. Le bienheureux François, considérant cette conduite,
fut averti par le Saint-Esprit, que c'était un homme
charnel. Il lui dit un jour: Passe ton chemin, frère
mouche, car tu veux manger le fruit du travail de tes
frères, tout en restant oisif sur le chantier de Dieu.
Tu es semblable au frère frelon qui ne récolte rien,
ne travaille pas, et qui mange le fruit de l'activité
des abeilles courageuses. Il s'en alla, sans même demander
pardon, car c'était un homme charnel. (Légende de Pérouse
62)
-
L'empereur Othon -
Traversant
un jour le duché de Spolète, l'empereur Othon IV passa
près d'Assise. Il emprunta très probablement la via
antiqua qui passait à moins d'un kilomètre de Rivo-Torto,
et dont on peut encore aujourd'hui retrouver le tracé
parmi les chemins qui serpentent entre les champs. La
tentation était grande d'aller jouir du spectacle.
"Le
jour où l'empereur Othon, s'en allant recevoir couronne
impériale, traversa la région en grand arroi, le très
saint Père resta dans la cabane pourtant située en bordure
de chemin; il ne voulut pas sortir et jouir du spectacle;
il ne permit à personne d'aller voir, sauf à un frère
qu'il chargea de rappeler à l'empereur et de lui répéter
que sa gloire serait de courte durée. ..." (1 Celano
43)
-
Chassés par un âne -
La
petite fraternité serait peut-être nuitée volontiers
à Rivo-Torto. Il était pourtant écrit que ce n'était
pas là que l'Ordre prendrait racine, et c'est un âne
qui vint le leur notifier.
"Un
jour, alors que les frères résidaient à Rivo-Torto,
un paysan arriva avec son âne, dans l'intention d'y
loger, lui et son animal. Craignant d'être repoussé
par les frères, tout en rentrant, il dit à son âne:
Entre, entre donc, ça fera du bien à cette bicoque.
Quand François l'entendit, il comprit tout de
suite l'intention du paysan et il lui en voulut, surtout
du vacarme qu'il avait fait avec son âne, troublant
tous les frères qui, à ce moment-là, priaient en silence.
... Ils abandonnèrent donc cette cabane à l'usage des
pauvres lépreux, et se transportèrent à Sainte-Marie
de la Portioncule, auprès de laquelle ils séjournèrent
quelque temps dans une maisonnette, en attendant d'obtenir
l'usage de cette église. (Légende des Trois Compagnons
55)
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at wanadoo.fr - 01/03/2020
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