Pèlerin
à Assise - St Damien (Desbonnets)
SAINT-DAMIEN
Malgré
les inévitables travaux d'entretien et d'aménagement
qui se sont succédés au cours des siècles, Saint-Damien
est resté substantiellement tel que l'a connu saint
François, et c'est pourquoi il importe de s'y attarder
un peu.
-
L'appel du crucifix -
C'est
à l'automne de 1205 que François, qui commence à être
travaillé par la grâce, entre pour la première fois
dans la petite église de Saint-Damien. Au cours de sa
prière, il lui semble entendre le grand crucifix byzantin
lui parler (l'original se trouve maintenant à Santa
Chiara).
"Tandis
qu'il passait près de l'église Saint-Damien, une voix
intérieure lui suggéra d'y entrer pour prier. Une fois
entré, il commença à prier avec ferveur devant une image
du crucifié qui lui parla avec douceur et bienveillance:
François, ne vois-tu pas comme ma maison tombe en ruines.
Va donc et répare-la moi !". (Légende des Trois
Compagnons 13)
"C'est
dès lors que fut ancrée dans son âme la compassion pour
le crucifié, et il est permis de supposer que dès lors
aussi, furent imprimés très profond dans son coeur les
stigmates de la Passion avant de l'être dans sa chair.
(2 Celano 10)
-
Une mauvaise façon de comprendre les choses -
Quand
François entend l'appel du crucifix, il n'y a ici que
la petite église avec ses dépendances immédiates et
l'aile où se trouve le réfectoire. Le tout menace ruine,
et le pauvre prêtre qui dessert cette église située
dans la campagne n'a absolument pas les moyens de subvenir
aux réparations les plus indispensables. L'ordre du
crucifix semblait clair (en réalité sa signification
ne se limitait pas aux murs de cette église matérielle,
mais s'étendait prophétiquement à l'Eglise toute entière).
Il fallait donc restaurer cette église; pour cela, il
fallait de l'argent, et de l'argent, quand on était
le fils de Pierre Bernardone, on savait comment en trouver,
même si on commençait à le mépriser.
"Après
cette vision et ces paroles du crucifix, ... parvenu
à une ville nommée Foligno, il y vend et le cheval et
tout ce qu'il avait emporté, puis, sans attendre, il
revient à Saint-Damien. Il y trouve un pauvre prêtre,
dont il baise la main avec foi et dévotion, et à qui
il offre tout l'argent qu'il porte, tout en lui exposant,
en ordre, son projet. Le prêtre, étonné et surpris par
un changement aussi subit, ne voulait pas y croire,
et pensait qu'on se moquait de lui. Mais François s'obstine:
il tente d'inspirer confiance en ses paroles, et de
toutes ses forces supplie le prêtre de lui permettre
de demeurer près de lui. Le prêtre consentit au
séjour, mais refusa l'argent, da la crainte des parents.
C'est pourquoi François, qui véritablement n'avait que
mépris pour l'argent, montra qu'il le considérait comme
de la poussière en le jetant dans le coin d'une fenêtre. (Légende
des Trois Compagnons 16)
-
Se donner à l'oeuvre de Dieu -
Manifestement,
Dieu ne permettait pas qu'on se donne trop facilement
bonne conscience en ne consacrant à son oeuvre que de
l'argent (et, de surcroît, pas très honnêtement acquis).
Il y fallait donner de soi: on vit donc François parcourir
les rues d'Assise pour y quêter des pierres ou de l'huile,
on le vit aussi grimper sur les échafaudages pour servir
d'aide aux maçons.
"Tandis
qu'il travaillait avec d'autres ouvriers au chantier,
plein de joie, il proclamait à haute voix et en français:
Venez et aidez-moi à restaurer cette église de Saint-
Damien; elle deviendra un monastère de dames dont la
vie et la renommée proclameront par toute la terre la
gloire de notre Père des cieux.... (Légende des
Trois Compagnons 24)
-
Claire à Saint-Damien -
C'est
environ six ans plus tard que la prophétie de François
se réalisa. Claire, à l'exemple de François, avait décidé
de suivre le Christ, et à la fête des Rameaux de 1212
(ou 1211), François, lui ayant donné l'habit à la Portioncule,
l'avait conduite à l'abbaye Saint-Paul près de Bastia.
"Quelques
jours après, elle partit pour l'église Saint-Ange de
Panso; mais comme il était impossible d'y trouver la
paix de l'âme, elle finit, sur le conseil de saint François,
par revenir à Saint-Damien. C'est là qu'elle jeta définitivement
l'ancre, à l'abri désormais des appréhensions sur de
nouveaux changements de domicile. La solitude ne lui
faisait pas plus peur que l'étroitesse du logis.... (Thomas
de Celano, Vie de sainte Claire 5)
-
Le Cantique du Soleil -
A
Claire et à Agnès, d'autres se joignirent bientôt pour
former la première communauté de Pauvres Dames. Au début
de 1225, François, stigmatisé mais aussi très malade,
revint séjourner quelques temps près de Saint-Damien:
c'est alors qu'il composa le Cantique du Soleil.
"Deux
ans avant sa mort, déjà bien malade et souffrant surtout
des yeux, il habitait près de Saint-Damien une cellule
faite de nattes. .... Une nuit, comme il réfléchissait
à toutes les tribulations qu'il endurait, il eut pitié
de lui-même et dit intérieurement: Seigneur, secours-moi
dans mes infirmités, pour que j'ai la force de les supporter
patiemment I Et soudain il entendit en esprit une voix:. Le
lendemain au lever, il dit à ses compagnons: Si l'empereur
donnait un royaume à l'un de ses serviteurs, quelle
joie pour ce dernier ! Mais s'il lui donnait tout l'empire,
ne se réjouirait-il pas bien plus encore ? Je dois donc
être plein d'allégresse dans mes infirmités et tribulations,
puiser mon réconfort dans le Seigneur et rendre grâces
à Dieu le Père, à son Fils unique Notre-Seigneur Jésus-Christ
et au Saint-Esprit. Dieu m'a donné, en effet, une telle
grâce et bénédiction qu'il a daigné, dans sa miséricorde,
m'assurer, à moi, son pauvre et indigne serviteur, vivant
encore ici-bas, que je partagerais son royaume.
Aussi,
pour sa gloire, pour ma consolation et l'édification
du prochain, je veux composer une nouvelle "Laude
du Seigneur" pour ses créatures. Chaque jour, celles-ci
servent nos besoins, sans elles nous ne pourrions vivre
et par elles le genre humain offense beaucoup le, Créateur.
Chaque jour aussi, nous méconnaissons un si grand bienfait
en ne louant pas comme nous le devrions le Créateur
et Dispensateur de tous ces dons. II s'assit, se concentra
un moment, puis s'écria: Très haut, tout puissant et
bon Seigneur... Et il composa sur ces paroles
une mélodie qu'il enseigna à ses compagnons.
Très
haut, tout puissant et bon Seigneur
à
toi louange, gloire, honneur,
et
toute bénédiction ;
à
toi seul ils conviennent, ô Très-Haut,
et
nul homme n'est digne de te nommer.
Loué
sois-tu mon Seigneur, avec toutes tes créatures,
spécialement
messire frère Soleil,
par
qui tu nous donnes le jour, la lumière :
il
est beau, rayonnant d'une grande splendeur,
et
de toi, le Très-Haut, il nous offre le symbole.
Loué
sois-tu, mon Seigneur, pour soeur Lune et les étoiles:
dans
le ciel, tu les as formées,
claires,
précieuses et belles.
Loué
sois-tu, mon Seigneur, pour frère Vent,
et
pour l'air et pour les nuages,
pour
l'azur calme et tous les temps :
grâce
à eux tu maintiens en vie toutes les créatures.
Loué
sois-tu, mon Seigneur, pour soeur Eau,
qui
est très utile et très humble,
précieuse
et chaste.
Loué
sois-tu, mon Seigneur, pour frère Feu,
par
qui tu éclaires la nuit :
il
est beau et joyeux,
indomptable
et fort.
Loué
sois-tu, mon Seigneur pour soeur notre mère la Terre,
qui
nous porte et nous nourrit,
qui
produit la diversité des fruits,
avec
les fleurs diaprées et les herbes.
...
A
l'époque où il était bien malade - les Louanges étaient
déjà composées - l'évêque d'Assise excommunia le podestat.
En représailles, celui-ci fit annoncer à son de trompe,
dans les rues de la cité, l'interdiction à tout citoyen
d'acheter ou de vendre quoi que ce fût à l'évêque, et
de traiter avec lui. Entre eux régnait une haine farouche
Le bienheureux François, alors bien malade, eut pitié
d'eux. Il souffrait de voir que personne, religieux
ou laïc, ne s'entremît pour rétablir entre eux la paix
et la concorde. Et il dit à ses compagnons: C'est une
grande honte pour nous, les serviteurs de Dieu, qu'il
ne se trouve personne, quand le podestat et l'évêque
se haïssent, pour rétablir entre eux la paix et la concorde
! Et pour la circonstance il ajouta cette strophe
à son cantique
Loué
sois-tu, mon Seigneur,
pour
ceux qui pardonnent par amour pour toi;
pour
ceux qui supportent épreuves et maladies:
Heureux
s'ils conservent la paix,
car
par toi, Très-Haut, ils seront couronnés.
...
Quand
tout le monde fut réuni sur la place du cloître de l'évêché,
les deux frères se levèrent et l'un d'eux prit la parole:
Le bienheureux François, dit-il, a composé malgré ses
souffrances les "Louanges du Seigneur" pour
toutes ses créatures, à la louange de Dieu et pour l'édification
du prochain ; et il vous demande d'écouter avec grande
dévotion. Et ils se mirent à chanter. Le podestat se
leva et joignit les mains, comme pour l'Evangile du
Seigneur, et il écouta dans un grand recueillement et
avec attention; bientôt des larmes coulèrent de ses
yeux, car il avait pour le bienheureux François beaucoup
de confiance et de dévotion. A la fin du cantique, le
podestat s'écria devant toute l'assemblée: En vérité
je vous le dis, non seulement je pardonne au seigneur
évêque que je dois reconnaître pour mon maître, mais
je pardonnerais même au meurtrier de mon frère ou de
mon fils ! Puis il se jeta aux pieds du seigneur
évêque en lui disant: Pour l'amour de Notre-Seigneur
Jésus-Christ et du bienheureux François, son serviteur,
je suis prêt à vous donner toute satisfaction qu'il
vous plaira. L'évêque le releva et lui dit: Ma charge
exigerait chez moi l'humilité, mais j'ai un caractère
prompt à la colère; il faut me pardonner ! Et
tous deux, avec beaucoup de tendresse et d'affection,
s'étreignirent et s'embrassèrent." (Légende
de Pérouse 42-44)
-
Dernier adieu de Claire à François -
Au
milieu de l'été 1225, François quitte Saint-Damien pour
Rieti où l'on va tenter de soigner ses yeux. Claire
et ses compagnes ne devaient pas le revoir vivant.
"...Peu
de temps après, le bienheureux François trépassa, pendant
la nuit. Au matin, tout le peuple d'Assise, hommes et
femmes et tout le clergé, vinrent chercher le corps
dans le couvent. Au chant des hymnes et des cantiques,
tenant en mains des rameaux verts, ils le portèrent,
par la volonté de Dieu, jusqu'à Saint-Damien, afin que
fût accomplie la parole que le Seigneur avait prononcée
par la bouche de son saint, et que fussent consolées
ses filles et ses servantes. ... (Légende de Pérouse
109)
-
Les Sarrasins mis en fuite -
Claire
survécut vingt-sept ans à François. La communauté, déjà
florissante, continua à croître et à essaimer. Mais
Saint-Damien, situé hors de la ville, n'était pas sûr
lorsque les temps étaient troublés. On le vit bien en
septembre 1240.
"...
Or, un jour, leur fureur se porta sur Assise, la cité
favorite du Seigneur; l'armée était déjà aux portes;
les tribus infâmes de Sarrasins, assoiffées de sang
chrétien, prêtes à toutes les audaces, à toutes les
impudences, à tous les crimes, avaient déjà franchi
le mur de l'enceinte de Saint-Damien et pénétré à l'intérieur
du cloître. Les infortunées moniales se pâment d'angoisse,
leurs voix tremblent d'affolement, elles courent se
réfugier en sanglotant autour de leur mère. Claire,
elle, ne tremble pas. Bien que malade, elle se fait
transporter à la porte de la clôture et demande qu'on
la place face à l'ennemi, avec, comme seule protection
devant elle, la pyxide d'argent revêtue d'ivoire où
se trouvait pieusement conservé le très saint Corps
du Christ. ...Alors la sainte abbesse, relevant son
visage en larmes, réconforte ses soeurs en disant: En
vérité, je vous déclare, mes filles, qu'il ne vous arrivera
aucun mal; ayez seulement confiance dans le Christ !
Au même moment la frénésie de ces chiens enragés fait
place à la peur, ils dégringolent des murailles plus
vite qu'ils n'y étaient montés: la puissance de la prière
avait jeté le trouble dans leurs rangs.
(Thomas
de Celano, Vie de sainte Claire 21-22)
Chaque
année, le 22 juin, lors de la Fête du voeu,
le maire d'Assise et les notables de la cité descendent
en cortège à Saint-Damien, pour y faire l'offrande de
cierges en mémoire de cette intervention miraculeuse
de sainte Claire, qui délivra la ville des Sarrasins
en 1240, et de l'armée de Vitale d'Aversa l'année suivante.
-
Les corporaux brodés par sainte Claire -
François,
qui avait tin très grand respect pour le Corps du Christ,
s'est inquiété, dans plusieurs de ses lettres, du triste
état où se trouvaient souvent les objets du culte. Claire
voulut participer aux préoccupations de François en
brodant de nombreux corporaux. Toutes les dépositions
faites au Procès de Canonisation de Claire rapportent
ce fait, et celle-ci y ajoute un trait pittoresque.
"Soeur
Francesca de Messire le Capitaine de Col-di- Mezzo raconta
encore ce qui suit: au temps où Madame Claire ne pouvait
se lever du lit à cause de la maladie, elle demanda
qu'on lui apportât une certaine petite nappe. Or, personne
ne l'ayant fait, voici qu'une chatte, laquelle était
dans le Monastère, se prit à tirer et à traîner cette
nappe, s'efforçant de la porter autant qu'elle le pouvait.
A cette vue la dite Mère parla à la chatte, disant ainsi:
Vilaine, tu ne sais pas la porter; pourquoi la laisses-tu
pendre jusqu'à terre ? Alors, la petite chatte, comme
si elle eut compris ces paroles, commença à replier
la nappe pour qu'elle ne touchât plus terre. Priée d'expliquer
comment elle avait appris cela, la soeur dit qu'elle
le tenait de la Bienheureuse Mère elle-même. Quant aux
corporaux faits du fil que la sainte filait, la déposante
attesta en avoir elle-même compté cinquante, lesquels
furent distribués dans les églises. (Procès 9, 8-9)
-
Sainte Claire, patronne de la télévision -
Sainte
Claire a été choisie comme patronne de la télévision
par Pie XII en 1958. Thomas de Celano, dans sa Vie de
sainte Claire, nous donne la raison de ce choix.
"Le
jour de Noël, à cette heure où naquit l'Enfant-Dieu,
où le monde participe à l'allégresse des anges, toutes
les religieuses s'étaient rendues au choeur pour Matines,
abandonnant à son sort leur mère accablée d'infirmités.
Or celle-ci se mit à songer à l'Enfant Jésus, s'affligeant
extrêmement de ne pouvoir prendre part à ses louanges;
elle soupira: Seigneur mon Dieu, me voilà laissée ici
toute seule ! Aussitôt le mélodieux concert qui
résonnait en l'église Saint-François parvint jusqu'à
ses oreilles. Elle entendit la joyeuse psalmodie des
frères, l'harmonie des chants ; elle percevait même
le son de l'orgue. L'église n'était pourtant pas assez
proche pour que ce fût humainement possible d'entendre
quoi que ce fût; il faut que Dieu lui-même ait miraculeusement
amplifié les échos de la cérémonie ou développé la puissance
auditive de la sainte. Mais, ce qui surpasse encore
ce miracle du son, c'est qu'elle mérita de voir la crèche
du Seigneur. Le lendemain matin, ses filles vinrent
la voir, et sainte Claire leur dit: Béni soit mon Seigneur
Jésus-Christ qui ne m'a pas abandonné alors que vous
étiez parties. Par sa grâce en effet; j'ai pu assister
à toute la cérémonie qui s'est déroulée dans l'église
Saint-François (Thomas de Celano, Vie de sainte Claire
18)
-
Les Franciscains à Saint-Damien -
Une
communauté de femmes n'était pas en sécurité si loin
des murs de la ville, l'épisode des Sarrasins, entre
autres, l'avait montré. C'est pourtant une autre raison
qui allait inciter les soeurs à quitter Saint-Damien.
Lorsque Claire mourut en 1253, on l'enterra à Saint-Georges,
là où le corps de François avait reposé de 1226 à 1230.
On conçut alors le projet d'édifier à cet endroit une
basilique en l'honneur de sainte Claire avec un monastère
pour les Pauvres Dames. Il y eut quelques obstacles
à surmonter, mais, en 1257, les soeurs quittèrent Saint-Damien,
en emportant le crucifix original, et prirent possession
du nouveau monastère attenant à la basilique Sainte
Claire. Saint-Damien ne devint pas désert pour autant:
les Frères Mineurs s'y installèrent bientôt. Ils y sont
toujours.
*
* *
A
voir à Saint-Damien
La
visite de Saint-Damien ne nécessite pas de grands commentaires.
La simplicité de ce qu'on voit porte d'elle-même à la
contemplation.
La
façade de l'église primitive de Saint-Damien a été
remaniée au XVI' siècle. Le portique d'entrée est de
la même époque.
Avant
de pénétrer dans le sanctuaire, on pourra jeter un coup
d'oeil au petit oratoire ouvert, sur la partie
droite de la petite place. Depuis 1954, il est dédié
à toutes les victimes des camps de concentration. La
fresque qui domine l'autel est très ancienne (XIVe),
elle représente la Vierge trônant entre saint François
et sainte Claire. Sur l'intrados de la voûte, derrière
François, se trouve saint Rufin martyr, évêque d'Assise;
près de sainte Claire, il y a saint Damien, médecin
martyr. Il lient une boîte de médicaments à la main.
Cette fresque est l'ouvre d'un peintre local que l'on
peut identifier avec celui qui a travaillé, à la même
époque, à la Basilique Sainte-Claire (Chapelle du Saint-Sacrement).
Juste
avant de pénétrer dans le Sanctuaire, à droite sous
le portique, une fresque datée de 1510 représente
sainte Claire, saint François et les saints Sébastien
et Roch; ces deux derniers très invoqués à cette époque
lors des épidémies de peste.
On
pénètre alors dans le Sanctuaire en descendant quelques
marches. C'est la partie qui était primitivement la
maison du prêtre desservant l'église de Saint-Damien
(A). On voit d'ailleurs sur le mur de gauche (mur mitoyen
avec l'église) l'emplacement d'une porte de communication,
à côté des saints Roch et Sébastien. Sur la lunette
du fond de cette chapelle, une fresque attribuée à Tiberio
d'Assise (1517), autour de la Vierge en majesté, saint
Bernardin de Sienne (avec le monogramme du nom de Jésus),
saint Jérôme (d'où le nom de la chapelle) avec
son lion, saint François et Sainte Claire.
La
chapelle suivante (B) est dominée par l'imposant
crucifix du Frère Innocent de l'alerme (1637), entre
les vitraux modernes de saint François et de sainte
Claire qui évoquent le Cantique des Créatures, dont
la tradition voudrait qu'il ait été composé à cet endroit:
"Dans une cellule de nattes qu'on lui avait dressé
dans un coin de la maison" (Légende de Pérouse
43).
Par
la gauche, on entre dans l'église de Saint-Damien
(C),. On remontera vers la porte principale, généralement
fermée pour différentes raisons (fraîcheur, recueillement,
facilité du circulation...). Dans le mur contigu à ce
qui était la maison du curé (Chapelle Saint-Jérôme),
une ouverture carrée connue sous le nom de finestra
del denaro (D) est la fenêtre où François lança
la bourse d'argent dont le prêtre n'avait pas voulu.
La fresque, alentour, a été restaurée en 1991: à gauche,
François en prière devant le Crucifix; à droite, François
poursuivi par son père sous les yeux du prêtre terrorisé.
Sur le mur du fond, la reproduction de la ville d'Assise
que l'on peut dater de 1305, probablement la plus ancienne
que nous connaissions,
Dans
l'église, au-dessus du maître-autel, copie du Crucifix
qui parla à François (l'original se trouve à Santa
Chiara). (E) Derrière les stalles (1504), au centre,
une ouverture: c'est Ia fenêtre, jadis fermée par une
grille (aujourd'hui transportée à Santa Chiara), par
où les soeurs recevaient la communion, et à travers
laquelle Claire et ses compagnes purent contempler François
mort.
Par
une porte située à droite du choeur, on pénètre dans
le Sepolcreto (F), c'est-à-dire l'endroit où
furent inhumées les premières clarisses décédées à Saint-Damien,
et parmi elles, la soeur de Claire, Agnès, et leur mère,
Ortulane (les corps ont été transférés dans une chapelle
de Santa Chiara).
Par
une petite porte, on aperçoit le Coretto (G)
où les premières clarisses récitaient l'Office. Des
stalles de bois (1504) mal dégrossi, un pupitre rudimentaire
fiché dans un billot. Le nom des cinquante soeurs qui
entouraient Claire en 1238 est inscrit sur un parchemin.
Il n'y a rien ici pour le plaisir des yeux, et nous
sommes contraints à l'intériorisation pour nous accorder
à la prière de Claire et de ses premières compagnes.
Le mur qui clôt cette pièce et la fresque qui l'orne
datent de la fin du XVe siècle. Ce mur modifie l'aspect
primitif de cette salle et interdit maintenant l'accès
à la grille de communion.
En
revenant dans le Sepolcreto et en montant un vieil escalier,
on longe le jardin de soeur Claire (L) : c'est
une terrasse exigüe d'où l'on peut admirer la vallée
de Spolète. A ce jardin est attaché le souvenir du Cantique
de Frère Soleil composé par saint François en 1225,
au rez-de-chaussée.
En
poursuivant la montée de l'escalier, on pénètre dans
l'Oratoire (M) que Claire fit aménager au-dessus
du choeur de la petite église. Il contient des fresques,
en particulier, une Vierge à l'enfant, dont le geste
très materner fait penser à la dévotion de saint François
et sainte Claire à l'humanité de Jésus. - sur le mur
de gauche, sainte Claire agenouillée devant le Saint-Sacrement,
la fresque évoque le miracle de la mise en fuite des
Sarrasins.
En
montant encore quelques marches, on parvient à une vaste
salle rectangulaire (N), complètement nue, c'est le
dortoir des soeurs. Au mur, une croix de bois,
quelques fleurs sur le carrelage, c'est là que Claire
mourut le 11 août 1253 après s'être adressé à elle-même
cette exhortation: Pars en toute sécurité, car tu as
un bon guide pour la route; pars, car Celui qui t'a
créée t'a aussi sanctifiée; il t'a toujours gardée et
aimée d'un tendre amour, comme une mère aime son fils
! Sois béni, Seigneur, toi qui m'as créée. (Thomas de
Celano, Vie de sainte Claire, 46)
On
redescend au rez-de-chaussée par un passage situé à
l'extrémité du dortoir (O). Sur le palier, à l'étage,
on peut voir une vitrine qui contient des photos et
quelques reliques, la cloche qui appelait les soeurs
à l'Office, une monstrance en albâtre, une petite custode
pour garder le Saint-Sacrement et le bréviaire manuscrit
dont Claire et ses soeurs se servaient pour réciter
l'Office.
Après
avoir traversé le cloître dont l'agencement actuel date
du XVIe siècle, on peut voir le réfectoire (H).
Les fresques sont probablement de Dono Doni (XVI' siècle).
On peut voir à gauche sainte Claire qui bénit la table
et les pains à la demande du Pape. A part la voûte qui
a été refaite, rien n'a changé depuis l'époque où Claire
et ses soeurs se sanctifiaient en circulant dans ce
lieu, en y mangeant et en y écoutant la lecture de la
Bible. Quelques bancs et tables remontent au temps de
sainte Claire, et dans le bois de l'une d'elles, une
petite croix marque toujours la place de l'abbesse.
C'est aussi dans ce réfectoire que la prière de Claire
repoussa les
Sarrasins qui voulaient envahir le monastère.
Dans
le cloître (J), les fresques d'Eusebio di San
Giorgio de Pérouse représentent la Stigmatisation et
l'Annonciation. Elles nous parlent de la dévotion de
saint François et de sainte Claire à l'Incarnation et
à la Passion du Seigneur Jésus. Entre ces deux fresques,
une porte qui, au XVIe siècle, permettait d'entrer dans
l'église. On peut ensuite goûter le charme du petit
cloître fleuri ajouté plus tard, au XVIe siècle.

SAINT-DAMIEN
(rez de chaussée) - En noir les parties primitives.
-
A : Ia Chapelle de Saint-Jérôme. - B: Chapelle du Crucifix
d'Innocent de Palerme. -
C:
L'église. - D: Finestra del Denaro. - E : stalles, autel
et reproduction du Crucifix de St Damien. - F : Sepolcreto,
escalier vers le 1er étage. - G : Le choeur des Clarisses.
- H: Le réfectoire. - I: ouverture donnant vue sur le
réfectoire. - K : salle Sainte Claire. - J : Cloître
et fresques (XVI').

SAINT-DAMIEN
(étage) - L : vue, par la fenêtre, sur le jardin de
sainte Claire. - M : l'Oratoire de sainte Claire. -
N : le dortoir des soeurs. - O : escalier vers le rez
de chaussée, photos des reliques.
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retour
à Assisi
ville et environs

delhommeb
at wanadoo.fr - 01/03/2020
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